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PARCOURS POLITIQUE DU CONGO : Une histoire agitée et douloureuse

PARCOURS POLITIQUE DU CONGO : Une histoire agitée et douloureuse

Souverain le 15 août 1960, le Congo a vécu plusieurs changements de régime violents, des assassinats politiques et des guerres fratricides dites civiles. Le pays n’a commencé à renouer avec la paix (bien que celle-ci reste encore fragile) qu’à partir de 2000, soit trois ans après le retour au pouvoir du Président Denis Sassou Nguesso. Un retour écrit en lettres de sang.

Le moins que l’on puisse donc dire, c’est que le parcours du pays est loin d’avoir été un long fleuve tranquille, avec des ombres et des lumières. La Constitution du 2 mars 1961 fonde la première République. Mais dès 1963, le pays est secoué par une première insurrection populaire déclenchée par les leaders syndicaux. Elle durera trois jours, les 13, 14 et 15 août.

La chute de Fulbert Youlou
Les syndicalistes accusent le premier président de la République, l’abbé Fulbert Youlou, d’imposer le monopartisme et s’indignent après l’arrestation de certains de leurs camarades. Leur insurrection prend fin par la chute du chef de l’Etat qui, abandonné presque par tous, démissionne à 15h, ce 15 août 1963. L’histoire parle désormais de ‘’Révolution’’ et des ‘’Trois Glorieuses’’.
Cette nouvelle ère porte au pouvoir Alphonse Massamba-Débat, ancien président de l’Assemblée nationale et ex-ministre débarqué du Gouvernement deux mois plus tôt. Premier ministre d’une équipe provisoire dès le 16 août, il sera élu président de la République par les députés le 19 décembre 1963, selon la nouvelle Constitution adoptée onze jours auparavant. Il était l’unique candidat.

Du socialisme bantou…
Le nouveau chef de l’Etat, tenant du socialisme bantou, opte pour un rapprochement avec les pays du bloc communiste, dont la Chine. Il officialise le monopartisme en créant le Mouvement national de la révolution (MNR) et ses différentes branches, dont la JMR, jeunesse du parti. Mais Alphonse Massamba-Débat est souvent débordé, son autorité mise à mal. A côté des luttes entre les divers clans idéologiques, il y a les antagonismes entre le parti, l’armée et la très redoutée et ombrageuse Défense civile, une sorte de milice dont les exactions sont décriées par la population. C’est ainsi que Massamba-Débat limoge deux Premiers ministres, Pascal Lissouba en avril 1966 puis Ambroise Noumazalaye en janvier 1968.
Au finish, les espoirs qu’il a suscités sont douchés, malgré un développement économique qui a connu un bond en avant avec la réalisation d’infrastructures sous son magistère. L’armée l’écarte du pouvoir un 4 septembre 1968 après un deuxième mouvement insurrectionnel (31 juillet).

…au marxisme-léninisme
Alfred Raoul assume brièvement l’intérim du chef de l’Etat. En décembre 1968, Marien Ngouabi est nommé Chef de l’Etat et président du Conseil national de la révolution. Le 31 décembre 1969, il le saborde et créé avec d’autres compagnons le Parti congolais du travail (PCT).
Le pays bascule dans le marxisme-léninisme, à travers le «socialisme scientifique». Mais à cause des divergences entre durs et modérés, le Congo s’installe dans une succession de complots militaires, les plus sanglants étant ceux dirigés respectivement par Pierre Kinganga, alias Siroko, en 1970, et Ange Diawara en février 1972.
Une autre période fixée avec de sang: mars 1977. En l’espace de sept jours, le président Marien Ngouabi (18 mars), le cardinal Emile Biayenda (22 mars) et l’ancien président Alphonse Massamba-Débat (25 mars) sont assassinés crapuleusement dans des conditions obscures. D’autres hommes politiques ou de simples citoyens, militaires ou civils, soupçonnés d’en savoir trop, sont enlevés ou parfois tués devant leurs familles sans autre forme de procès. Cela accentue la fracture entre le Nord et le Sud du pays.
S’ouvre l’épisode Jacques Joachim Yhombi-Opango porté à la tête de l’Etat par le Comité militaire du parti (CMP) créé au lendemain de la mort de Ngouabi. Il sera de courte durée, car le nouveau président est évincé le 5 février 1979 au profit du colonel Denis Sassou Nguesso, à l’issue d’un congrès du PCT.

Le vent du changement des années 1990
En 1990, véritable chambardement: instauration du multipartisme, autorisation des libertés syndicales. Il n’empêche. Une conférence nationale est convoquée. Elle se tient en 1991.
L’année suivante, une nouvelle constitution soumise à référendum le 15 mars 1992 est adoptée. Le pays connaît sa première élection présidentielle libre au suffrage direct que remporte Pascal Lissouba. Mais les résultats des législatives anticipés organisés après la dissolution de l’Assemblée sont contestés par l’oppostion URD-PCT. On connaît la suite du feuilleton: guerre civile, massacres, sang et larmes.
En 1997, la rivalité entre Lissouba et son prédécesseur conduit au déclenchement d’une autre guerre civile, de juin à octobre. Elle sera meurtrière, coûtant des milliers de vies au pays, et se termine par le retour de Denis Sassou-Nguesso au pouvoir, soutenu par l’armée angolaise. Il est investi Président de la République le 25 octobre et le demeure encore. Les deux rébellions conduites en 1998 et 2016 par le pasteur Ntumi ne l’ont pas empêché de fermer l’œil.
L’instabilité politique qui a caractérisé l’histoire du pays a rendu difficile tout programme de développement. Mais la situation socio-économique actuelle n’est pas que la résultante de cette histoire agitée et douloureuse. Elle est aussi et surtout tributaire de la mauvaise gouvernance des autorités.

Jean ZENGABIO

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A propos de l'auteur

Heure de Brazzaville

19 janvier 2021 21 h 27 min

Editorial

Quand commencent les guerres

C’est une lapalissade : tous les événements de notre pays ont, comme tous les faits sociaux, un début et une fin. Mais ils ont surtout une cause et des acteurs. La cause peut être bonne, les acteurs mauvais. La cause peut avoir une finalité noble, mais son déroulé se faire dans la douleur. Au bout de tout, il y a le ressenti de ce qui devait être, de ce qui aurait dû être.

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