LITTERATURE : Benoît Moundelé-Ngollo range sa plume!
Après trente-cinq années d’écriture et dix-neuf ouvrages à son actif, l’écrivain-général Benoît Moundelé-Ngollo (Mouandzolo’ ô Pama) vient de mettre fin à sa carrière littéraire. Il a annoncé son retrait à l’écriture, vendredi 21 février 2020, à l’auditorium du lycée de la Révolution, à Brazzaville. C’était à l’occasion de la présentation-dédicace de son tout dernier livre intitulé: «Adieu mes lecteurs» et sous-titré «Le mwana ntsouka de mes livres». Un moment très émotif pour ses nombreux lecteurs présents à la cérémonie et qui avaient du mal à accepter cette décision couperet.
Publié en septembre 2019, aux Impliqués éditeurs, comptant 185 pages et neuf chapitres et écrit dans son style de prédilection (Style qui n’obéit pas aux règles académiques/SNOPRAC), cet ouvrage marque la séparation de l’auteur d’avec ses lecteurs. Dans celui-ci, il parle de son enfance, de ses origines. Il évoque également des épisodes de sa vie politique et militaire, en épinglant des questions majeures d’éthique, de morale, mais aussi de l’histoire du Congo, à la page 164. Ce livre-testament aborde, en outre, la question de la justice sociale pour laquelle l’auteur demande à tous de changer de mentalités, de de logiciel politique pour éviter de reproduire les mêmes erreurs. En réalité, dans ce livre, l’écrivain-général Benoît Moundelé-Ngollo dénonce les maux qui minent la société.
Comme il fallait s’y attendre, la présentation de ce livre et la décision prise par l’auteur a suscité des réactions très controversées du côté de la plupart de ses lecteurs qui ne sont pas d’accord avec lui. Ils s’interrogent et ne comprennent pas le bien-fondé de cette décision. La majorité des gens faisant partie de l’assistance, et de tous âges, lecteurs assidus de ses œuvres, l’ont suppléé à continuer à écrire, car les maux qui minent la société qu’il aborde souvent dans ses ouvrages sont encore perceptibles. En outre, ils ont voulu comprendre, à travers de nombreuses questions posées, les raisons de son adieu à l’écriture. Cela a suscité des débats très passionnants.
Pour le directeur de L’Harmattan-Congo, Jackson Darius Mackiozy Bansimba, «l’écrivain-général Benoît Moundelé-Ngollo range sa plume, au moment où les lecteurs ont encore besoin de lui, car de plus en plus, on observe des antivaleurs dans nos sociétés.»
Homme politique, passionné de la culture et lecteur des œuvres de l’écrivain Moundelé-Ngollo, Clément Miérassa a «parlé d’une blague de mauvais goût. Il n’a pas, lui aussi, épousé la décision de l’auteur d’arrêter d’écrire, de se désintéresser à la littérature.»
Pour sa part, le Pr Charles-Zacharie Bowao a fait partie des rares personnes à avoir compris «qu’il y a un temps pour écrire, et un temps pour arrêter d’écrire, car l’écrivain est un fils de son temps, disait Jean-Paul Sartre.»
Intervenant à son tour, l’écrivain-général Benoît Moundelé-Ngollo a, dans son franc-parler habituel, fixé l’assistance et par ricochet ses lecteurs. «Comme il y a un temps pour faire la politique, il faut avoir un temps pour arrêter de faire la politique. Donc, il y a un temps pour écrire, il y a un temps pour arrêter d’écrire. C’est pour cela que mon temps est arrivé pour arrêter d’écrire. Mais, les sentiers sont tracés, et j’ai dit qu’à partir de maintenant, je me suis dit merci à moi-même. Et puis je vous dis aussi merci. Merci avec m, comme méditation; e, comme épilogué; c, comme constamment; i, comme intérieurement. Donc, moi, j’ai décidé de méditer constamment, d’épiloguer avec moi-même à l’intérieur de moi-même», a-t-il éclairé.
A souligner que le lendemain (samedi 22 février), au même endroit, une Journée littéraire consacrée aux œuvres de Benoît Moundelé-Ngollo a été organisée. (Nous y reviendrons).
Boris B.
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