Lutte contre la traite des enfants : Vincent Raimi Paka Abdou Paraiso déterminé à éradiquer le phénomène
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- Publié le mardi 9 juillet 2013 09:51
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Basée à Pointe-Noire, Alto (Association pour la lutte contre la traite des enfants de l’Afrique de l’Ouest et du centre), dirigée par Vincent Raimi Paka Abdou Paraiso, mène des activités, dont le but principal est de dissuader les auteurs et complices du trafic des enfants entre l’Afrique de l’Ouest et du centre. Quelques résultats encourageants sont, déjà, enregistrés.
Alto entend aller jusqu’au bout de la lutte pour éradiquer ce phénomène. La traite des enfants, leur trafic et toutes formes de maltraitances à leur égard constituent, de nos jours, des points noirs de la plupart des sociétés africaines. Comme pendant la traite négrière, ces enfants sont achetés auprès de leurs familles dans leurs pays d’origine, et sont surexploités dans les travaux ménagers, les commerces, les courses de famille, etc.
Parmi les villes africaines accueillant les enfants «achetés», se trouve en bonne place Pointe-Noire, la capitale économique du Congo. Même s’il est difficile, pour l’instant, d’évoquer des chiffres précis, on voit, tout de même, ces enfants, éventaires de leurs maîtres sur la tête, se promenant à travers rues et avenues, malgré les intempéries liées aux climats africains. Ce sont, pour la plupart, des enfants venus des pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Bénin et le Togo, comme l’ont déjà démontré des institutions et des O.n.gs visiblement remontées contre les acteurs de ce trafic qui ne saurait honorer l’Africain, en ce 21ème siècle.
Pourtant, les pays d’origine et ceux d’accueil sont parties prenantes des instruments internationaux, dont la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 et la Déclaration des Nations-unies du 20 novembre sur les droits de l’enfant. Tous ces textes proscrivent, formellement, la traite ou l’esclavage sous toutes les formes. A plus forte raison, au Congo-Brazzaville, la loi n°4-2010 du 14 juin 2010, dite loi Potignon (du nom de la députée qui l’avait proposée), prévoit, en son article 115, une peine de travaux forcés et une amende allant de un à dix millions de francs Cfa à l’encontre de toute personne convaincue de trafic, de vente ou toutes autres formes d’exploitation de l’enfant, quel que soit le motif.
Cette situation ne laisse pas indifférentes les organisations de la société civile. Créée en 2006, l’Alto, composée d’une quarantaine de membres, a déjà identifié deux cents enfants soumis à l’esclavage moderne à Pointe-Noire. Ces pauvres rejetons constituent pour leurs maîtres une main d’œuvre tout à fait gratuite. Ils sont traités non comme des êtres humains, mais comme de véritables bêtes de somme, au même titre que l’âne ou le cheval. En 2011, 57 d’entre eux ont été pris en charge, 20 réinsérés, 20 scolarisés et 100 rapatriés dans leurs pays d’origine. Ce travail presque fastidieux a été réalisé par 34 éperviers (enquêteurs).
Selon Vincent Raimi Paka Abdou Paraiso, président de l’Alto, «grâce à ce travail, le phénomène a reculé de 55% à Pointe-Noire». Des actions qui lui ont valu, le 19 juin 2012, le prix de «héros de lutte contre la traite des enfants», de la part du département d’Etat Américain. Le prix a été remis à l’impétrant par Hilary Clinton, à l’époque, secrétaire d’Etat (ministre des affaires étrangères).
Malgré ces résultats encourageants et cette distinction, Alto fait face à beaucoup d’obstacles. Vincent Raimi affirme qu’à la veille de son voyage aux Etats-Unis pour la réception de son prix, il avait été enlevé en 2012 par les trafiquants d’enfants. Il dit avoir eu la vie sauve grâce à l’intervention des agents de l’Unicef et du gouvernement congolais. L’autre hypothèse, et même la plus difficile à éluder, demeure la corruption et le trafic d’influence. Ce qui, pourtant, ne saurait décourager Vincent Raimi Paka Abdou Paraiso et son équipe. «Nous allons poursuivre notre combat, jusqu’à la fin de l’esclavage moderne des enfants au Congo et en Afrique», jure-t-il.
John NDINGA-NGOMA