Jacques Chirac

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L’ancien président français est mort; il a été enterré. Des personnalités du monde, toutes aussi illustres les unes que les autres, sont allées prendre part à la messe d’adieu, s’incliner devant sa dépouille à Paris et dire adieu à un homme et ses symboles. L’Afrique n’a pas été en reste: notre propre Président de la République s’est rendu en France pour l’occasion. Manière de réaffirmer le lien privilégié qui a existé entre eux deux et de s’incliner devant le corps d’un ami.


Mais la mort de M. Chirac a été aussi l’occasion de se rendre compte que le politiquement correct prime toujours sur la sincérité des sentiments. Et que, suivant le camp où l’on se trouve, on ne peut avoir sur l’ancienne puissance coloniale et sur ses dirigeants successifs une opinion à imposer à tous. Unique.
M. Chirac s’en est allé; d’aucuns l’ont appelé «Chirac l’Africain». Une façon de dire, qui ne sonne pas de la même manière à Abidjan et à Libreville; à Brazzaville et à Niamey. Si, à Brazzaville, la population lambda peut se rappeler le fameux Pont du Centenaire, devenu aujourd’hui un ouvrage de quelque pâleur face à des viaducs plus rutilants, il y a une partie de l’opinion qui a, sur la guerre de 1997 surtout, une opinion qui n’est pas franchement joyeuse. Ni à la gloire du défunt.
On se rappellera aussi le 9e Sommet de la Francophonie, à Beyrouth, au Liban. Une véritable humiliation pour nous, Congolais. Notre candidat, Henri Lopès, qui faisait consensus, a été balayé du plat de la main par un Jacques Chirac intransigeant: c’est Abdou Diouf, ancien Président du Sénégal, qui est passé!
Ces petites et grandes fâcheries ne sont pas des exceptions dommageables en Françafrique. Toutes les familles, qu’elles soient politiques ou biologiques, en connaissent. Et comme toutes les familles, ou du moins la majorité d’entre elles, c’est la mort qui souvent rappelle à l’essentiel. Or, entre la France et l’Afrique; entre la France et le Congo, les occasions de célébrer les avancées sont certainement plus nombreuses, ou valent plus la peine d’être soulignées que les coups tordus ou les histoires de barbouzes.
Jacques Chirac s’en va au moment où un des combats qu’il n’avait qu’esquissé au Sommet de la Terre de Durban, en Afrique du Sud, en 2002, commence à prendre de l’ampleur. «Notre maison brûle et nous regardons ailleurs». Depuis lors, les changements climatiques sont véritablement devenus une préoccupation mondiale. Le Pape François en personne y a consacré une encyclique de grande épaisseur en 2015, Laudato Si, sur la sauvegarde de la Maison commune.
Les grandes figures de l’histoire sont ainsi: on peut ne regarder que les moments d’égarement qu’ils peuvent avoir connus. Ou alors contempler l’immensité et la profondeur des intuitions qu’ils ont eues, de l’action qu’ils ont accomplie ou voulu accomplir.

Albert S. MIANZOUKOUTA

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