Manœuvres
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- Publié le dimanche 30 juin 2019 12:18
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L’élection présidentielle est encore loin, en 2021, mais déjà le marigot s’agite. Les grandes manœuvres sont visibles, pour attirer à soi un peu de cette lumière à faire perdurer jusqu’au jour où seront confectionnées les listes des candidats. Il s’agit de crier plus fort que le voisin, de se faire entendre le plus possible des décideurs, de donner à penser que sans sa voix, le Congo courra irrémédiablement à sa perte.
Tout se passe comme s’il fallait être le plus militant, le plus accroché à toutes ces valeurs démocratiques que nous n’avons cessé de piétiner, de donner à voir le visage de qui, au lendemain du vote, fera enfin que le Congo sortira de toutes ses misères. C’est un jeu de pure forme, une attitude qui ne donne à espérer rien de bon. D’autant que dans cette gymnastique, il n’est pas rare de déceler les perfidies et les hypocrisies entre amis.
Flatteurs et bretteurs de façade sont sur le starting bloc. Réseaux sociaux et officines de toutes les opinions croient le moment venu pour que nous les voyions à l’action, ou pour que ce qu’ils disent de tel ministre sonne aujourd’hui plus vrai que ce qu’ils avaient dit hier de tel autre. Ils jurent leurs grands dieux que tel ministre est un voleur, tel autre un vrai patriote ; que tel autre est fondamentalement bon, «n’eût été son entourage». On câline, on caresse dans le sens du poil, on maudit le FMI «qui ne donne pas les moyens». Car tout est de la faute des autres.
Nous ne cessons de le dire sur cet espace: la grave crise que nous connaissons devrait être celle qui nous forcera à une remise totale de nos pratiques les plus néfastes. Au ministère de la Santé, on annonce pour très bientôt des contrôles plus rigoureux pour démasquer les médecins qui privilégient leur cabinet privé et négligent les consultations dans les centres de santé publics (Lire l’article ci-contre). On dit qu’on sera plus sévère, plus rigoureux, moins complaisant: je ne sais pas vous, mais il y a des décennies que nous entendons cela. Des décennies que tout retombe ensuite comme une pâte sans levure.
Les opérations de salubrité, la lutte contre les délinquances, la gestion rigoureuse des ressources publiques, la lutte contre les braconnages, la lutte contre les plastics, contre les faux médicaments, contre la fraude scolaire, les recrutements hautement tarifés sous le manteau, etc. ont connu des lancements de campagnes tonitruants, qu’est-ce qui en reste? Si cette crise ne nous change pas, c’est que nous retomberons allègrement dans nos travers dommageables, tel un malade qui refuse de guérir, malgré une thérapie de cheval.
Les grandes manœuvres politiques sont donc en marche. Nous devrions de nouveau avoir droit à des slogans accrocheurs, faits pour nous sauver ou nous donner l’impression du salut. Des slogans valables seulement le jour du vote. Il n’y a pas de paris à prendre, car le loto ne se joue pas sur la vie de quatre millions d’âmes.
Albert S. MIANZOUKOUTA