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Désormais ?

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Comme à chaque fin d’année, le Président de la République s’est adressé à la Nation. Devant le Parlement réuni en Congrès, fin décembre, il a fait le diagnostic de notre situation économique, politique et sociale. Il a énuméré les réalisations opérées, celles qui restent à faire et l’état d’esprit dans laquelle elles devront l’être, les avancées et quelques points de retardement. Nous vivons une crise dure qui affecte les élans et bride les ambitions, le Président l’a souligné.

Mais à défaut d’insuffler de l’espérance, il nous a invités à regarder en face les défis à relever cette année, et à ne pas nous voiler la face sur les obstacles qui pourraient se dresser dans la matérialisation de cette voie.
«Pierre angulaire de notre sortie de crise», indique le Chef de l’Etat, «le travail, dans l’éthique et la discipline» devra être «le crédo directeur pour la nouvelle année». Certes. Même l’opposition dans ses extrêmes ne devrait pas avoir du mal à partager un tel vœu. Sauf que le travail est effectivement ce qui, même dans la volonté de l’exercer au mieux de la conscience, reste la denrée la moins présente dans le Congo d’aujourd’hui ! Le pays est en récession et les opportunités d’exercer un travail, entendu comme activité salariée ou suffisamment rémunératrice, sont hors de portée de nos jeunes.
Le Président s’est appesanti sur la lutte contre la corruption et les antivaleurs tant décriées. Il nous a dit que l’arsenal judiciaire étant en place, la lutte contre «les menus fretins et les gros poissons» des malversations qui nous valent d’être si mal cotés auprès des institutions financières sera impitoyable. «Désormais». Un adverbe lourd de sous-entendus et riche de nos impossibilités passées. Celles qui font dire à l’homme de la rue : «Voyons si cette année sera différente». Car si le Congolais a dans sa tête l’image «incarnée» du corrompu, réel ou fantasmé, il ne cèdera pas à la tentation de suivre les proclamations de véhémence. La volonté de sévir a été maintes fois agitée, se transformant en une répétition de «désormais». Il faut des actes.
Soyons justes: le discours du Chef de l’Etat au Parlement réuni en Congrès n’a pas grand-chose des réalités de notre vie en société,  ni caché aucun des maux qui la minent. Le Président s’est réjoui du désenclavement effectif de nos régions naguère difficiles d’accès, du retour progressif de la paix au Pool, de la prochaine construction du débarcadère de Yoro, de l’Institut technologique d’Oyo. Il a même attiré notre regard sur un point rarement mentionné: la stabilité du prix de l’essence à la pompe, malgré les pénuries… Mais il subsiste comme un petit quelque chose de déjà entendu. Et, donc, d’un statu quo qui n’annonce rien de nouveau.

Albert S. MIANZOUKOUTA

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