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Tourisme

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Nous avons rêvé sur les retombées du pétrole, fantasmé sur les lendemains qui chantent, surfé sur l’euphorie d’un émirat naissant. C’était sans compter avec notre formidable ingéniosité à transformer en fiasco même nos projets les plus nobles. Ils sont devenus gouffres à milliards. Non-sens économiques. Boulets aux pieds du développement. Sources d’un endettement qui fait honte.


C’est peut-être le moment de nous convaincre - et non seulement de le déclamer en mantras infinis – que notre économie s’est fragilisée de ne reposer que sur le secteur, a priori glauque au propre et au figuré, du pétrole. Parce que le Congo est d’abord un pays qui a toujours vécu de ce qu’il cultive et de ce qu’il chasse ou pêche; qu’il est le produit de ses terres, de ses rivières et de ses forêts. Et que ceux-ci, préservés, peuvent contribuer encore aujourd’hui à l’économie. Nos pratiques et techniques ancestrales sont aussi des atouts pour un secteur vital négligé: le tourisme. Il attend encore de déployer ses joyaux négligés.
Le Congolais passe à côté de ses sites les plus fabuleux avec l’ennuyeuse indifférence de qui a toujours trouvé la colline à gauche de sa case et pas ailleurs et ne la regarde même plus. Par fatalisme, il ira s’émerveiller au loin des beautés naturelles qu’il néglige chez lui : les chutes du  Niagara ne sont pas équivalentes à celles de La Loufoulakari? Qui l’a dit !
Dans ses diverses facettes, le tourisme fait vivre l’économie. Dans ce journal (Développement, page 6), un jeune chercheur soutient que le tourisme n’est pas seulement charters d’étrangers et appareils de photo devant des gorilles. Il peut faire fructifier aussi les quelques infrastructures dont nous disposons. Elles ont coûté des milliards et attendent de servir à quelque chose en dehors de l’événement de faste qui les a fait naître. Tout est dans la volonté de les rentabiliser.
L’Eglise nous rappelle que l’homme est au centre de la création et que la Terre, que le Pape François appelle «notre maison commune», exige que nous en prenions soin. Son encyclique Laudato Si en 2016 a eu un retentissement mondial et un écho transversal au-delà des seuls chrétiens. Le Pape nous invite à considérer la Terre comme un bien commun. Il nous appelle même à faire du tourisme une opportunité de solidarité responsable.
Dans notre pays, ces idées-là commencent à susciter des initiatives dont on ne peut que se réjouir. Dans l’Archidiocèse de Brazzaville par exemple, une pastorale de l’environnement se met en place. Mgr Anatole Milandou (lire notre prochain ‘Parole d’Evêque’) nous invite à garder notre environnement sain, et même à conserver notre patrimoine végétal rustique. L’Abbé Albert Kimbembé commence à animer une pastorale dynamique dans ce sens. Une association de laïques, Lisatour, se lance sur le créneau du tourisme solidaire. Il y a du frémissement dans l’air.
A nous tous de nous y mettre, pour vivre enfin de nos eaux et de nos forêts ainsi que des pratiques qui, ailleurs, sont devenues des attractions et une marque d’identité nationale. Mais pour cela, préserver les forêts et les éléphants ne suffit pas. Faire découvrir les pratiques traditionnelles de tissage des raphias, des danses ethniques, ne suffira pas non plus tant que la paix et la sécurité ne seront pas aussi sur nos routes et dans nos quartiers. Le tourisme est un facteur de paix qui bénéficie avant tout de la paix. L’instabilité est son ennemie.

Albert S. MIANZOUKOUTA  

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