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Du sang à l’autel

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La répression des marches de chrétiens en République Démocratique du Congo est un signal alarmant pour tous. Que la violence entre jusque dans les églises n’est bon pour personne : ni pour l’Autorité qui entend faire respecter des lois, ni pour une démocratie en devenir qui ne peut justifier le sang versé par le seul souci d’asseoir des règles. Si la vie est sacrée pour tous, il y a des lieux où le sacré a sa maison.

Une Eglise, maison de Dieu, n’est pas faite pour les profanations de sang : le rappeler est un devoir qui incombe à tous. Quelles que soient les péripéties du processus électoral chez nos frères d’en face, nous devrions nous rejoindre sur cette double sacralité-là. Parce que nous avons tendance à la piétiner pour toute montée et/ou tout maintien au pouvoir.
La multiplication des actes de violences contre l’Eglise et les hommes d’Eglise fait de notre sous-région la plus violente en Afrique contre l’Eglise catholique. Nous avons des primats – des « premières fois» - dans la région qu’il n’est pas heureux de rappeler. Nous sommes la région où, pour la première fois, un Cardinal a été assassiné (Congo, 1977); où un  Nonce apostolique a été abattu (Burundi, 2003). Sans parler des nombreux évêques et prêtres qui ont perdu la vie (RDC, Congo, Cameroun). Les manifestations de chrétiens donnent trop souvent lieu à un versement de sang (Zaïre sous Mobutu, en février 1992, puis RD Congo à deux reprises ce mois-ci).
Il n’est certainement pas facile d’asseoir les expériences démocratiques dont nous attendons le grand bien dans nos pays. Nos tiraillements nous poussent parfois à soutenir ou à critiquer à outrance. Mais il est exclu que c’est en versant le sang des fidèles, que nous gagnerons un avenir de sérénité.
Le Pape invite à la fin des violences; nos peuples aspirent au déroulement serein de nos processus électoraux. Les chrétiens sont descendus dans la rue à Kinshasa et ailleurs en RD Congo, il ne s’agit pas de leur nier le droit de s’exprimer. Ni de le faire en leur tirant dessus. Dans des églises.
En décembre 2016, l’Eglise catholique a facilité une transition pacifique dans ce pays dont elle a, au moins, le devoir de suivre le déroulé dans le temps. Les catholiques ne sont pas des bons  citoyens quand ils facilitent le dialogue entre une majorité et son opposition, et des dangereux anarchistes quand ils veulent savoir comment marchent les choses. Ils ne sont pas au-dessus de la loi, c’est vrai, mais ils ne sont pas en-dessous non plus.

Albert S. MIANZOUKOUTA

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