Les élections, un moment important dans la vie d’une démocratie!

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Dans la vie démocratique liée au pluralisme politique, les élections constituent un moment sacré. Car, c’est le temps où le souverain primaire exerce son pouvoir de choisir celui qu’il souhaite présider à ses destinées ou le représenter dans les institutions nationales et locales.

Du coup, quelles que soient les conditions, le souverain primaire doit toujours jouir de son droit de choisir, d’élire. C’est un moment fondamental pour lui, d’autant plus que de sa décision découle la résolution de ses problèmes.
A moins que les conditions de cette expression démocratique souveraine ne soient pas réunies, en principe, celle-ci ne doit souffrir d’aucune entorse quant à sa régularité. L’Etat devant s’arranger pour en garantir les conditions, sur tous les plans. Avec les élections de cette année, le débat a rejailli concernant leur déroulement dans le Pool, département dont certains districts sont affectés par des actes d’insécurité perpétrés par les groupes ninjas-nsiloulous. Il est tout à fait clair que la tenue des élections ne doit pas conduire à exposer la vie des citoyens à l’insécurité. Mais, pour l’Etat, il est tout aussi impératif de ne pas tomber dans le piège de marchander ses prérogatives souveraines. Autrement, il en sortira toujours un citoyen mécontent, pour chercher à l’en empêcher.
Dans la situation du Pool, il apparaît clairement qu’un an après, la solution militaire, comme nous avons l’habitude de le dire, doit être complétée par une dimension politique consistant à instaurer un dialogue au sein de la classe politique et la société civile. En effet, une gouvernance démocratique suppose fondamentalement l’existence d’un climat de dialogue entre les institutions nationales, entre ceux qui dirigent et la société civile, etc. Ce n’est pas parce qu’il combat des groupes armés que le gouvernement doit s’enfermer dans les principes de l’Etat de droit. Le pouvoir de la parole s’inspirant des préceptes moraux peut faire changer l’attitude des gens, permettant ainsi d’obtenir ce que l’on recherche: la cohésion nationale et la paix. «Par des paroles, un être humain peut en combler un autre de bonheur ou le pousser au désespoir»,  disait le père de la psychanalyse, le philosophe allemand Sigmund Freud. La parole transcende la réalité naturelle des choses et, par cette transcendance, elle est un pouvoir qui permet de réguler la vie en société. La Nation doit anéantir, par son pouvoir de dialogue, ce qui se passe dans le Pool, pour ne pas laisser les mauvais exemples prospérer et compromettre ainsi l’avenir de la démocratie congolaise.
Il faut créer un consensus national contre l’usage de la violence armée en politique. Il faut aussi redonner une perspective d’avenir aux jeunes entraînés par Ntumi dans son aventure sans lendemain. La proposition du Chef de l’Etat d’ouvrir les couloirs sécurisés et humanitaires est à concrétiser, avec l’appui des organisations internationales, de la société civile, des confessions religieuses, etc., pour créer les conditions de confiance nécessaires à leur mise en œuvre. Le cri du cœur des prélats Anatole Milandou et Louis Portella Mbuyu ne devrait pas résonner dans le vide, mais trouver un écho au sein des forces vives de la Nation sur la question du rétablissement de la paix dans le Pool, qui est une question nationale. Il ne sert à rien d’accuser les gens du Pool. Les jeunes entraînés par Ntumi dans son aventure sanglante ne représentent pas les gens du Pool, dont les communautés ethniques se retrouvent partout, dans tous les départements, vivant en harmonie avec leurs compatriotes.
Ramassage des armes, cantonnage des ex-combattants et leur réinsertion socio-professionnelle, etc. sont des projets à reprendre, si l’on souhaite en finir avec le désordre de Ntumi. Les dirigeants politiques de la majorité, du centre et de l’opposition devraient faire preuve de compréhension et de sensibilité, quand les hommes d’Eglise en viennent à s’adresser à leur conscience.
Les élections sont un moment important de la vie démocratique d’un pays et l’on peut imaginer la joie légitime des citoyens exerçant leur pouvoir de vote en toute liberté. Les en empêcher revient à faire passer devant les calculs politiciens de ceux qui ne pensent qu’à leurs intérêts égoïstes. Même dans le Pool, les Congolais veulent voter et il faut leur en créer les conditions.

Joachim MBANZA

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