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Le plus solide est dans l’éthique!

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Alors que la crise financière sévit jusque dans les familles, le président de la République, Denis Sassou-Nguesso, s’est montré résolument optimiste sur la situation économique nationale, dans son message à l’occasion de la fête de l’indépendance. «J’entends beaucoup, ces temps-ci, nombre de nos compatriotes parler de morosité et de crise, et même de faillite. Il est vrai que notre pays traverse des difficultés conjoncturelles aigues, dues, principalement, à l’effondrement des cours du pétrole.

Et il n’est pas le seul», a-t-il déclaré, avant d’inviter, plus loin, ses compatriotes à ne pas perdre espoir: «Les difficultés, aussi aiguës soient-elles, ne doivent, en aucun cas, être la fin de l’espoir, encore moins du progrès. Elles seraient, plutôt, la bonne occasion d’ensevelir les mauvaises habitudes et de faire naître des nouvelles, propices au progrès et à la continuité de la marche vers le développement. A la condition que les dirigeants et le peuple sachent tirer les leçons du passé et s’arment de la volonté de bâtir du nouveau plus solide que ne l’étaient les choses du passé».

Encore plus loin, dans son discours, le chef de l’Etat a pris une grande résolution: «Voici venu le temps des profondes réformes structurelles pour créer des emplois en grand nombre, pour étendre la protection sociale à tous, pour moderniser l’économie et la société, pour bâtir le développement inclusif et durable. Il n’y a pas de place dans notre esprit pour la fatalité».
Ainsi dit, le président de la République est dans son rôle de veiller à ce que ses compatriotes ne perdent pas le moral, au moment où le contexte économique est difficile. Son discours montre l’idéal. Mais, la réalité quotidienne a besoin de décisions concrètes pour s’améliorer. En matière politique ou de gestion publique, «le plus solide», à mon humble avis, c’est la moralité des acteurs publics, le respect de l’éthique. «Ensevelir les mauvaises habitudes et faire naître des nouvelles», voilà qui appelle à la culture, au comportement, à la tenue, bref aux principes éthiques qui guident l’action des décideurs publics.
Forgé à partir du mot grec «ethos» qui veut dire «caractère, coutume, mœurs», l’éthique est la gouvernance morale qui commande à la répartition de la richesse, à la justice sociale. Ceux qui dirigent ont pour principale responsabilité de répartir la richesse nationale et donc, ils doivent être des hommes et des femmes d’éthique. On répartit la richesse nationale, à travers le travail. D’où la lutte contre le chômage.
Il est vrai que la crise financière que nous traversons est due à l’effondrement des prix des matières premières, qui affectent les économies des pays exportateurs. Mais à vrai dire, des facteurs endogènes sont aussi à épingler: les mauvais choix, l’égoïsme, l’arrogance, l’enrichissement sans cause, etc. Les dysfonctionnements qui ont émergé dans la gestion publique où l’Etat, principal moteur de l’économie nationale, ne s’acquitte pas ou difficilement de ses engagements financiers sont aussi à l’origine des maux déplorés, aujourd’hui. L’accumulation de la dette intérieure a porté un coup dur aux entreprises, contraintes de licencier une partie de leurs personnels, de ralentir leurs activités, etc.
Lorsque le président de la République appelle à «ensevelir les mauvaises pratiques» d’hier, il soulève un problème de fond à l’origine d’une bonne partie des malheurs qui accablent, souvent, nos compatriotes: le respect des droits des citoyens. Or, notre triste réalité est telle qu’à la place de l’éthique, c’est le principe du plus fort qui prévaut. Ce sont les plus forts qui s’arrogent tous les droits. Et les plus forts, ce sont ceux qui dirigent. Au point que même quand il croule sous le poids de ses recettes pétrolières, l’Etat n’honore pas, souvent, ses engagements financiers, préférant accumuler des dettes, sources de drames dans les familles. Et quand les prix du pétrole s’effondrent, le prétexte est tout trouvé, pour ne pas tenir ses engagements. L’Etat devrait, lui-même, donner l’exemple citoyen de respecter ses engagements financiers, quand elle fait travailler les entreprises. Car à travers une entreprise, ce sont des responsables de familles qui sont concernés et donc la société congolaise. Dans une économie nationale où l’Etat joue un rôle central, l’accumulation de la dette intérieure 

publique revient, tout simplement, à asphyxier l’économie et à détruire le tissu social.
Il s’agit, ici, de l’éthique de ceux qui dirigent: les décideurs publics à tous les niveaux. Dans cet élan, il faut, bien sûr, combattre les anti-valeurs que sont la corruption, la surfacturation des marchés publics, la non-réalisation des travaux pourtant payés, le détournement de fonds publics, etc. Ce sont de véritables fléaux qui ruinent les efforts de l’Etat et qui freinent le développement national. Aucun pays au monde ne s’est développé, en laissant prospérer ces anti-valeurs. Pour être la deuxième économie du monde, la Chine mène un combat sans merci contre la corruption, l’évasion monétaire, l’enrichissement illicite, le détournement de fonds publics, etc.
Dans la naissance de nouvelles pratiques à laquelle le président de la République appelle, solennellement, il faut souhaiter que des normes éthiques et de gestion axée sur les résultats soient établies comme principe national d’évaluation de nos dirigeants. Cela permettra de créer les conditions d’un «développement inclusif et durable».

Joachim MBANZA

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