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Pour réussir «le tout économie, en vue d’un tout social»

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En réalité, le président Denis Sassou-Nguesso n’a pas placé son quinquennat à la tête du pays sous le signe de la rupture, qui est, plutôt, la conséquence de son appel renouvelé au changement de mentalités, au regard de l’expansion des anti-valeurs dans le monde de la gestion publique, mais il l’a placé, plutôt, sous le signe du développement économique, qui doit entraîner le bien-être social. «S’il nous faut, dès à présent, placer ce quinquennat sous un signe, ce serait celui du «tout-économie», en vue d’un «tout-social» mieux accompli pour tous», avait-il déclaré, dans son discours d’investiture, le 15 avril 2016, au Palais des congrès.

Dans cet élan, la lutte contre le chômage auquel la jeunesse congolaise est si dramatiquement confrontée est une priorité. Le premier ministre, le maître d’œuvre du chantier que représente la mise en œuvre du projet de société du président de la République, a bien pris la mesure de cette priorité. Et pour cause, «des jeunes risqueront d’atteindre l’âge de la retraite, sans avoir occupé le moindre emploi, si nous ne parvenions à fédérer nos efforts de réflexion, pour enrayer cette évolution insoutenable», nous dit-il, dans son programme d’action. En raison de l’ampleur du problème, il a même lancé «un appel à la solidarité intergénérationnelle, afin de trouver des solutions pérennes à ce drame que constitue le chômage des jeunes».
Le «tout-économie» renvoie, évidemment, aux efforts des institutions nationales devant permettre au Congo de diversifier son économie, pour sortir de la dépendance du pétrole et générer une croissance économique de nature inclusive, pour lutter contre la pauvreté et le chômage. Cela passe par le développement du secteur privé où doivent se constituer des sociétés major qui tirent la croissance, soutenue par un tissu de P.m.e (Petites et moyennes entreprises) organisées et efficaces dans la production des biens et des services. Côté institutionnel, des initiatives existent et elles sont encourageantes, à l’instar du Pade (Projet d’appui à la diversification de l’économie). Le premier ministre envisage aussi des initiatives fort intéressantes, comme l’élaboration d’un plan d’action pour l’emploi des jeunes, à travers la mise en place d’un comité de pilotage, et surtout, la création d’une «Agence de l’économie sociale et solidaire», pour promouvoir «les emplois de proximité, c’est-à-dire des services à la personne et à la collectivité».
Des initiatives foisonnent aussi, au niveau citoyen, concernant, par exemple, la conversion d’une bonne partie du secteur informel vers le secteur formel. A ce propos, l’ouvrage de Victorine Rachel Taty, intitulé: «L’unité de production informelle et la comptabilité: expérience du Congo» et paru cette année, est fort édifiant sur l’approche à amorcer pour faire migrer une bonne partie du secteur informel vers le formel, de façon à contribuer à l’économie nationale et à la lutte contre le chômage. La carte de commerçant, élément indiscutable d’intégration au secteur formel, devrait être catégorisée, associée à la sécurité sociale et son acquisition facilitée. Car, le commerce est le grand secteur capable d’employer des milliers de gens et donc, de contribuer, efficacement, à la lutte contre le chômage. Mais, c’est un secteur qui mérite d’être encadré, soutenu et protégé, avec une politique de construction d’infrastructures de base, comme les centres commerciaux et les marchés domaniaux. De même, les métiers de l’agriculture doivent être valorisés.
Le «tout-économie», en vue d’un «tout-social» requiert des mesures concrètes sur le terrain. Parmi les premiers défis à relever, il y a, sans nul doute, à gagner la bataille de l’amélioration du climat des affaires. Le gouvernement devrait faire preuve de volontarisme politique, pour procéder aux réformes qui s’imposent et instituer même, pour encourager le développement du secteur privé, une sorte de moratoire dans les contrôles et les pénalités infligées aux entreprises. Car, une économie où il n’est pas facile d’entreprendre, à cause des pesanteurs administratives et d’une culture étatique trop prononcée, condamne la jeunesse au chômage, étant entendu que tout le monde ne sera jamais fonctionnaire de l’Etat. Des milliers de jeunes arrivent, chaque année, sur le marché du travail, il faut un contexte national favorisant l’éclosion des initiatives privées, pour leur permettre d’intégrer le monde actif. La lutte contre le chômage passe par là.

Joachim MBANZA

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