Le semi-parlementaire réussira-t-il à nous conduire au bien-être?
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- Publié le mercredi 8 juin 2016 09:37
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Le premier ministre a présenté le programme d’action de son gouvernement, devant les députés dont la mission est de contrôler sa réalisation. C’est la nature du régime semi-parlementaire dans lequel le gouvernement peut être censuré par les élus du peuple, s’il ne parvient pas à réaliser des politiques publiques qui comblent les attentes du souverain primaire.
En lui-même, le changement de Constitution a entraîné une rupture des habitudes politiques. Hier, en régime présidentiel, le gouvernement conduit par le président de la République, lui-même, était à l’abri de toute censure parlementaire. Il n’avait de compte à rendre qu’à son chef. La conséquence en est qu’en dépit des progrès réalisés dans la construction des infrastructures de base, grâce à la manne pétrolière, le volet social a été le parent pauvre du régime présidentiel. Puisque les ministres s’abritaient derrière le chef de l’Etat qui leur garantissait une longévité imperturbable au gouvernement, de nature à assurer leur propre prospérité, en dépit des résultats peu performants des politiques publiques qu’ils conduisaient dans certains domaines.
Le premier ministre Clément Mouamba en a fait un constat préoccupant. Il a parlé de «détresse sociale», du «désarroi des parents» face à la question du chômage des jeunes, par exemple. On n’en serait peut-être pas là, si la gestion publique était soumise à l’obligation de résultat.
En présentant le programme d’action de son gouvernement, devant l’assemblée nationale, le premier ministre a, en même temps, déclenché le suivi, par le parlement, de la réalisation des actions programmées. Ses engagements sont forts, mais le temps lui est compté. Clément Mouamba est obligé de mettre son gouvernement au travail, comme il se doit et surtout, redresser une administration publique dont il a, lui-même, décrit les faiblesses, parlant du caractère paresseux des fonctionnaires.
Les parlementaires ont, maintenant, en main son programme d’action sur la base duquel ils vont l’interpeller, tout comme les membres du gouvernement, dans les volets précis des différentes politiques publiques mises en œuvre. Le premier ministre a prévu, lui-même, les mécanismes d’évaluation du travail de ses ministres. C’est une bonne option, pourvu qu’il y parvienne. La gouvernance par la preuve, avec comme base la gestion axée sur les résultats, garantit l’efficacité de l’action publique, mais que c’est difficile, en politique, d’instaurer la culture des résultats. La politique au Congo est telle que tout est dilué dans les discours et la réalisation des infrastructures de base est devenue l’arbre qui cache la forêt.
L’action d’un gouvernement est appréciée à travers la lutte contre le chômage, la corruption et la pauvreté; le respect des droits de l’homme; la performance économique par le niveau de croissance du P.i.b; la transparence dans la gestion publique, la gouvernance démocratique et électorale, l’accès aux conditions de base que sont le logement décent, l’eau courante, l’électricité, l’hygiène, l’éducation, la qualité de l’offre de santé, la sécurité publique, etc.
Le régime semi-parlementaire qu’a institué la nouvelle Constitution est, désormais, à la base de la gestion publique. Demain, on ne devrait plus se plaindre de la longévité des ministres, alors que les résultats de leur gestion publique indiquent le contraire, car la représentation nationale a, dorénavant, les moyens nécessaires pour faire que cela ne soit plus ainsi. Les parlementaires devront insuffler un climat de gestion publique conduisant l’exécutif à réaliser ce qu’il promet. Car, la gestion publique ne donne des résultats au profit du développement qu’encadrée par des mécanismes de contrôle et de sanction. Pourvu que la stabilité démocratique, qui permet le changement des acteurs sans affecter la continuité des institutions, soit garantie. On peut dire que, désormais, tout est en place, pour que la vie démocratique monte en puissance dans ce quinquennat, afin d’atteindre les résultats escomptés.
Joachim MBANZA