Faire la rupture, au nom du progrès!
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- Publié le samedi 4 juin 2016 10:45
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Née dans la douleur des incompréhensions, différends et querelles politiques, la nouvelle République prend, malgré tout, son envol. Ainsi l’histoire des peuples qui n’est jamais un long fleuve tranquille! Il faut savoir tourner la page et regarder l’avenir à construire, comme un leader politique de l’opposition l’a reconnu, en toute responsabilité. En s’engageant dans la voie d’une nouvelle République, le Congo n’a rien perdu de ses acquis démocratiques. Au contraire, il s’est donné l’opportunité de faire une rupture (des comportements déviants et des mentalités perverses dans la gestion du bien commun), pour asseoir sa démocratie sur des valeurs qui ont permis et permettent à d’autres peuples de développer une véritable culture du vivre ensemble et du bien-être social.
Mais, la rupture qu’entraîne la nouvelle République ne doit pas être un simple slogan, comme on l’a vu dans le passé. A la Conférence nationale souveraine de 1991, nous nous étions engagés à ne plus recommencer (la bêtise humaine): «Plus jamais ça», après une histoire politique agitée, sanglante et jalonnée de plus de trois mille morts de l’intolérance, à partir de l’indépendance. A peine que nous étions sortis de cette grand-messe où la démocratie pluraliste était portée sur les fonts baptismaux, que les armes et la violence avaient repris le dessus: des guerres civiles à répétition, par les mêmes acteurs, suivant le retournement de leurs alliances politiques.
Nous voici, aujourd’hui, dans une nouvelle République! Un nouveau départ pour mieux construire notre avenir, inculturer, véritablement, les vertus démocratiques qui consistent à ne jamais franchir le Rubicon de la bêtise humaine, à savoir que les contentieux politiques, même les plus enfouis dans la haine, ne peuvent trouver de règlement que dans le dialogue. Cela suppose, de la part de chaque acteur politique, une grande capacité de dépassement de soi et de tolérance, une culture citoyenne mature, terrassant les pulsions naturelles et sauvages qui conduisent l’être humain à agir bestialement. Rassembler, apaiser, dialoguer doivent être parmi les vertus de la nouvelle République.
La démocratie pluraliste suppose l’Etat de droit. La nouvelle République ne démarre, malheureusement, pas de zéro. Dans l’héritage qui est le sien, il n’y a pas que des acquis; il y a aussi des contentieux, des incompréhensions, des faiblesses, bref des situations qui attendent d’être réglées. Le changement de Constitution ne doit pas être une histoire de sauvegarder un pouvoir, mais d’asseoir la démocratie congolaise sur de bonnes bases, afin que la gestion publique ne soit plus source d’enrichissement personnel et que l’alternance démocratique ne soit plus source d’angoisse, de menace à la paix et à l’unité nationale. C’est en cela que le changement de l’ordre constitutionnel, pour lequel le Congo est tant critiqué sur la scène internationale, sera salutaire à l’histoire du peuple congolais. Garder ou ressusciter les mauvaises habitudes d’hier, comme le non-respect de certaines dispositions de la Constitution, revient à condamner la démocratie congolaise à ne jamais prendre de l’envol.
Dans le renouveau des mentalités, le dialogue dont on entend de nouveau parler dans les états-majors politiques, peut être un grand test de la rupture tant prônée. Le premier ministre s’y montre favorable. Tant mieux! Certains suggèrent que ce dialogue permette de revoir le système électoral. Pourquoi pas, quand on sait que les élections législatives vont intervenir dans un an environ. D’autres pensent que c’est l’occasion de tirer au clair la situation du Pool. Les idées ne manquent pas, comme on peut le constater, mais il faudrait que la classe politique fasse réellement preuve de rupture de mentalités, pour qu’on ne retombe pas dans les ornières du passé où le dialogue ne réussissait pas à mettre ensemble la diversité des courants politiques qui s’expriment sur l’échiquier national. Quoiqu’il en soit, la politique doit créer les conditions du développement économique qui permet de réaliser le bien-être social. C’est notre espoir pour ce quinquennat.
Joachim MBANZA