La violence est condamnable !
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- Publié le vendredi 12 février 2016 17:51
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Au-delà de tout ce qui nous singularise les uns les autres, en dépit du fait que nous sommes tous Congolais et des intérêts qui gouvernent nos comportements, disons-le comme ça, les incidents provoqués mardi 9 février dernier au retour du candidat annoncé à l’élection présidentielle, Jean-Marie Michel Mokoko, sont à condamner, au nom de tous nos discours sur la paix et la concorde nationale. Rien, absolument rien ne peut justifier une telle attitude de manifestation de violences gratuites à l’égard des paisibles citoyens, même s’ils ont retourné leurs vestes.
Que l’aéroport de notre ville-capitale, à peine modernisé grâce à la volonté du chef de l’Etat de conduire son pays à la modernité, soit transformé en un théâtre de violence barbare, doit indigner tous ceux qui soutiennent son action. Car ces incidents, qui suscitent moult commentaires et condamnations dans les réseaux sociaux, ont non seulement porté atteinte à l’image de ce lieu public qui fait la fierté des citadins de la capitale, mais encore, ils ne constituent pas une quelconque réponse à l’annonce de la candidature du général Mokoko.
Le président de la République travaille à l’avènement d’une démocratie apaisée et il l’a toujours dit. Pour cela, il n’a pas besoin que ceux de ses partisans qui ont peur de ses adversaires politiques recourent à la violence pour le défendre. Du haut de sa longue expérience dans la pratique des cadres du pays, l’auteur du livre «Le manguier, le fleuve et la souris» n’en est pas à la première trahison d’un proche en qui il a fait confiance pour exercer une haute responsabilité. Il a vu ceux qui l’ont abandonné et parfois même combattu avec haine, revenir vers lui et lui adresser les discours les plus laudatifs qui laissent incrédule. Ceux qui soutiennent son action devraient être à la hauteur de sa magnanimité qui concourt à la stabilité du pays.
C’est aux acteurs politiques de la majorité présidentielle qui se mobilisent aujourd’hui à appeler à sa candidature, de répondre vigoureusement, comme ils peuvent le souhaiter, aux propos du candidat Mokoko, dans les médias internationaux, et non à des groupes armés organisés pour lui casser la gueule. Le silence abyssal des dirigeants de la majorité, comme dirait le journaliste Mfumu, est interrogateur et donne l’impression que leur soutien ne se limite qu’à faire plaisir «au prince». Car, quand on a un objectif électoral capital à atteindre, on n’attend pas pour réagir aux propos d’un adversaire politique qui malmène son leader.
La violence ne sert à rien et elle est condamnable. Comme ses compatriotes, en se portant candidat à une élection, Jean-Marie Michel Mokoko n’a fait que poser un acte démocratique tout à fait admis, qui rentre dans ses pleins droits en tant que citoyen de ce pays. Que cet acte déplaise ou irrite certains, c’est sur le plan démocratique qu’il faut y réagir et non en faisant recours à la violence. Il y a quelques années, dans ces mêmes colonnes, je condamnais le comportement d’un ministre de la République, qui avait organisé un assaut armé du domicile d’un de ses collègues ministres, pour le forcer à arrêter une enquête administrative. Evincé du gouvernement et basculé à l’opposition, il partage, aujourd’hui, j’en suis sûr, la même conviction que la violence est condamnable, puisque lui-même en a été victime, dans sa vie d’opposant.
Après l’instauration, non sans douleur, d’une nouvelle République qu’il veut plus démocratique et plus respectueuse des droits et libertés des citoyens, le président Denis Sassou-Nguesso est appelé à relever le défi d’une élection présidentielle démocratique et apaisée. Son pays en a les atouts. Son camp politique ne doit pas avoir peur de ses adversaires, mais plutôt, s’organiser pour le faire réélire comme il l’ambitionne, pour poursuivre le développement du pays, dans la paix et l’unité nationale. Ouvrir la voie à la violence serait se placer du mauvais côté de l’histoire.
Joachim MBANZA