Se réapproprier le droit de vote
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- Publié le mercredi 13 janvier 2016 08:58
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Toute élection constitue toujours un événement important en démocratie. L’élection présidentielle revêt encore un caractère particulier, en ce qu’elle mobilise les forces vives de toute une Nation. Le 20 mars 2016, «le peuple congolais se rendra aux urnes pour choisir, librement, la femme ou l’homme qui devra présider aux destinées de la République du Congo, pour les cinq prochaines années», comme a dit le président de la République, Denis Sassou-Nguesso, au corps diplomatique accrédité au Congo, lors de la cérémonie de vœux.
En raison de l’histoire politique depuis le retour à la démocratie en 1991, les Congolais qui souhaitent l’alternance sont, pour beaucoup d’entre eux, gagnés par la résignation, convaincus que le jeu est joué d’avance.
Or, une élection présidentielle est toujours d’un enjeu important. Celui du 20 mars 2016 n’y échappe pas, surtout que le gouvernement a décidé de mettre en œuvre les réformes de gouvernance électorale, décidées consensuellement suivant le dialogue national de Sibiti. Non seulement une Commission électorale nationale indépendante (Ceni) sera instituée, mais encore, celle-ci aura la maîtrise de l’organisation des opérations électorales, depuis leur préparation. L’introduction du bulletin unique permettra de mettre un terme au phénomène de manque de bulletins de certains candidats dans les bureaux de vote. Dès lors, on peut supposer que le scrutin présidentiel du 20 mars prochain sera organisé sur de nouvelles bases qui renforcent le caractère démocratique des élections au Congo.
Il y a des inquiétudes, à propos de la révision du corps électoral, relativement aux délais qui paraissent courts, surtout qu’inexorablement, on avance vers la date du scrutin, alors que la loi électorale est encore en discussion au parlement. A ce propos, on devrait compter sur la bonne foi des gouvernants et des citoyens, pour garantir la réussite des opérations de révision des listes électorales. Avec un corps électoral tournant autour de deux millions d’électeurs, on ne devrait pas avoir de mal à procéder à la révision des listes électorales, pendant quelques jours. Mais, cela va dépendre, en grande partie, de la volonté des électeurs eux-mêmes à vérifier leurs noms sur les listes électorales, une fois que l’opération sera lancée.
En somme, avec la nouvelle gouvernance électorale, les Congolais devraient, de nouveau, faire confiance en eux et se décider, plus que jamais, d’exercer leur droit de vote, pour choisir le compatriote qui aura la charge de présider à leurs destinées, dans les cinq prochaines années. C’est avec le bulletin de vote et non la résignation qu’on influence le cours des événements. Le bulletin de vote, dans un contexte de bonne organisation des élections, est une «arme» redoutable.
Mais, il ne faut pas oublier aussi que si certains souhaitent l’alternance, d’autres compatriotes la redoutent, car n’étant pas convaincus par la capacité des candidats pouvant incarner l’alternance à maintenir le pays dans la stabilité, la sécurité et la paix, tout en assurant son développement et sa cohésion. En 1992, le pays fut gagné par le vent de l’alternance, dans l’euphorie du retour à la démocratie, après près de trois décennies de parti unique. Pour la première fois, notre pays connut un changement démocratique de régime, dans un contexte pacifique. La désillusion fut grande, par la suite. C’est comme si en revenant à la démocratie, les Congolais avaient creusé la tombe de leur pays. Il est vrai que tout ce qui brille n’est pas de l’or, dit l’adage. Ce ne sont pas les bons diseurs qui sont les bons faiseurs, souligne un autre. Autrement dit: «Ceux qui se vantent le plus, qui promettent le plus sont ordinairement ceux qui font le moins». Et nous l’avons déjà expérimenté.
C’est l’enjeu du scrutin prochain: entre ceux qui souhaitent l’alternance et ceux qui sont pour la continuité dans l’amélioration du régime actuel suivant l’évolution des institutions que consacre la nouvelle Constitution, quelle tendance l’emportera? En tout cas, il ne faut jamais l’oublier, toute élection peut réserver des surprises et ébranler les calculs même les plus sûrs ou les convictions les plus fermes. Ce qui sort des urnes peut surprendre. Aux uns et autres de se mettre au travail. On ne sait jamais. Alors, tous au vote!
Joachim MBANZA