Un projet funeste auquel il faut vite tordre le cou!
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- Publié le samedi 28 novembre 2015 11:31
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Dans les turpitudes de la vie politique nationale, certains compatriotes ont vite fait de céder à la tentation de la division, en militant pour une partition du pays, par la création de la «République du Sud-Congo». Faute d’entente, semble-t-il, ils pensent que le plus facile, pour eux, est de créer cette «République» qui englobe les départements méridionaux du pays et où, croient-ils, il fera bon vivre sous le règne de la démocratie.
Cette idée ne date pas d’aujourd’hui, certes. Elle a effleuré certains pères de l’indépendance et Dieu merci qu’ils s’en sont vite détournés, pour conduire notre pays à l’indépendance, dans ses frontières héritées de la colonisation.
Construire une Nation moderne, à partir d’un conglomérat de réalités ethniques ou tribales fort variées, mises ensemble par accident de l’histoire (colonisation), n’est, évidemment, pas chose aisée. Et pourtant, les Nations africaines ne sont pas les seules à être confrontées à un tel défi historique. Que ce soit la Chine, la France, les Etats-Unis d’Amérique, le Royaume-Uni, la Fédération de Russie, etc., presque toutes les Nations du monde qui se construisent au fil des siècles, ont affronté ce genre de défis. Il arrive, effectivement, que faute de le relever, on choisit la solution facile, comme au Soudan où, paradoxe des paradoxes, la création de la République du Sud-Soudan n’a pas mis fin à la guerre.
La République du Congo a, déjà, une histoire post-coloniale qui fonde son destin. Un pays à transmettre uni et en paix, de génération en génération, sans croire que sa partition fera le bonheur d’une quelconque portion de la Nation en formation.
Par contre, pour lutter contre le sentiment d’injustice qui pousse certains esprits à succomber à l’idée de diviser le pays, le gouvernement devrait mettre l’accent sur des politiques globales d’intégration, de lutte contre le tribalisme dans la gestion publique, en favorisant l’utilisation des cadres suivant leurs compétences et leur moralité et non sur la base de leurs origines ethniques. Bref, il faut que le pays réussisse à arrêter cette dérive politico-sociale qui consiste à ce que les hauts postes de l’Etat, dans les administrations publiques, soient toujours tenus par des cadres issus d’un même «coin» que celui qui conduit les destinées du pays. Cette dérive, qui existe depuis l’indépendance, avec tous les régimes qui se succèdent à la tête de l’Etat, prend, parfois, des contours graves, où les citoyens congolais ont l’impression que l’Etat est tenu par un seul clan ethnique, les autres ne servant que de «vernis». Le repli identitaire dont on parle tant est, surtout, le fait des cadres intellectuels sortis des universités prestigieuses des pays développés. Cela part des partis politiques, des lieux où l’on doit s’exercer à travailler de manière nationale, et non des chapelles où se forge l’esprit clanique. Il y a des partis où l’on peut tenir une session du bureau national en langue maternelle. C’est un scandale pour ces partis qui ont l’ambition de conquérir, démocratiquement,la magistrature suprême. Si un leader ne peut travailler qu’avec ses parents, autant mieux qu’il ne s’hasarde pas à créer un parti politique. La loi fait obligation aux partis d’avoir un caractère national. La réalité est bien loin de là.
Le gouvernement devrait aussi faire l’effort de mettre en œuvre la décentralisation, en dotant les départements de budgets conséquents, pour leur développement. L’Etat centralisé ne doit pas être celui qui s’occupe de tout, même des écoles primaires, dans les districts. De Brazzaville, on ne peut pas sentir de la même manière les problèmes urgents au niveau local. La nouvelle Constitution a fait des progrès dans les prérogatives accordées aux départements. Encore faut-il que cela soit suivi de budgets nécessaires, pas seulement programmés dans la loi, mais réellement libérés, pour que les départements soient jugés aux résultats. L’Etat assurant le contrôle des dépenses, pour éviter les détournements de fonds publics, devenus une culture de la classe politique nationale, en raison de l’impunité. La décentralisation permettra aussi d’absorber le chômage au sein d’une classe politique pléthorique où chaque acteur rêve d’un poste juteux, dans la capitale. Ce sont là autant d’exemples de politiques d’intégration, pour la construction de la Nation congolaise en marche; des politiques qui peuvent permettre de tordre le cou aux idées de partition du pays.
Joachim MBANZA