La sagesse, le bon sens, l’humilité…

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Le stress envahit la société congolaise, dans le tournant capital qu’aborde le débat sur la Constitution, aujourd’hui. Et pour cause, le pays a déjà un passé de violences sanglantes. Qu’est-ce que le stress? «Le stress est une réaction d’alarme de l’organisme qui se déclenche dans certaines situations perçues, à tort ou à raison, comme potentiellement menaçantes pour son équilibre interne», disent les spécialistes. Le stress de la société congolaise se manifeste par l’angoisse sur l’avenir immédiat (2016) et les rumeurs affolantes dont s’alimentent les réseaux sociaux et une certaine presse.

Tout le monde parle de paix, mais il faut savoir que chacun n’en a pas la même conviction. Il y en a dont la paix n’a de sens que si leurs intérêts sont garantis. D’autres n’hésiteraient pas à prendre la poudre d’escampette, si la paix venait à être menacée, alors qu’ils n’en sont qu’à défendre leurs intérêts. L’intérêt général ne comptant à leurs yeux.
Le débat sur la Constitution n’est rien d’autre que la question du pouvoir, le champ d’intérêts le plus important et le plus complexe de l’Etat. Du pouvoir d’Etat découle la redistribution, dont la règle du jeu est fixée par la Constitution, la loi fondamentale. Ce ne sont pas les intérêts qui font l’unité nationale, la stabilité institutionnelle et la paix, mais bien l’équité dans la redistribution entre membres d’une même Nation. Les frustrations accumulées peuvent provoquer une explosion. On l’appelle révolution, quand l’explosion sociale est le fait de la majeure partie de la Nation. Le reste n’est que la capacité des institutions à contenir les frustrations, en agissant dans le droit et la légitimité, car l’intérêt est toujours de nature conflictuelle, même dans un foyer. Ne voit-on pas deux frères ne plus s’adresser la parole, à cause des intérêts politiques? N’importe qui peut tomber dans cette situation, à cause des intérêts politiques.
De la manière dont elle est conduite, la question de la Constitution peut renforcer ou fragiliser la Nation congolaise. C’est là où la sagesse et le bon sens des dirigeants politiques congolais sont plus que jamais sollicités. Car, on est bien dans une confrontation d’idées et de convictions, où chacun croit avoir raison de ce qu’il défend. Joseph Kignoumbi-Kia-Mboungou, Charles Zacharie Bowao, Michel Mampouya, Guy-Brice Parfait Kolélas, Anguios Nganguia-Engambé, René Serge Blanchard Oba, Claude Alphonse N’Silou, Mabio Mavoungou-Zinga, André Okombi-Salissa, Jean Itadi, Bonaventure Mbaya, Pascal Tsaty-Mabiala, Frédéric Bintsamou, Clément Mierassa, Jean Ngouabi Akondjot, Armand Mpourou, Claudine Munari, Mathias Dzon… Ces acteurs, suivant leurs familles politiques respectives, sont opposés à l’idée de changer la Constitution. Ils sont d’origines ethniques diverses… Et d’ailleurs, on peut étendre la liste dans sa diversité. Dans leur démarche, il n’y a rien d’ethnocentrisme, sinon que leurs convictions qu’on ne change pas la règle, à la veille d’un match (élection présidentielle).
Pierre Ngolo, Isidore Mvouba, Pierre Mabiala, Hydevert Mouagny, Nicéphore Fylla Saint-Eudes, Denis Christel Sassou-Nguesso, Josué-Rodrigue Ngouonimba, Justin Koumba, Dominique Basseyla, Paul Tchignoumba, Claude Saturnin Ntari, Jean-Pierre Manoukou-Kouba, Anatole Collinet Makosso, Euloge-Landry Kolélas et bien d’autres… souhaitent une évolution des institutions par le changement de la Constitution, afin d’instaurer une nouvelle République. Ils sont convaincus qu’avec le président Denis Sassou-Nguesso, le Congo gardera ses chances de stabilité et de développement. Peut-on dire que leur démarche est attachée à des préoccupations ethno-centriques?
Mais, est-ce le bon sens démocratique de changer, seuls, la règle du jeu avant le match?
Comment tous ces compatriotes, qu’ils soient pour ou contre le changement de Constitution, se sentiront-ils, si demain, par la bêtise humaine qui ne cesse de nous guetter tout au long de notre processus démocratique, le sang de leurs frères et sœurs congolais venait de nouveau à couler? Vont-ils se résoudre à en jeter la responsabilité sur les autres?
Le niveau de développement mental qu’a atteint le Congo, après une histoire bien tourmentée depuis la création de la République en 1958, devrait donner à espérer que la sagesse, le bon sens, l’humilité, le sens de l’écoute, la tolérance, etc, peuvent permettre d’avancer, sans courir le risque de fragiliser la Nation congolaise. De ce fait, on épargnerait à la société congolaise, le stress qui l’étreint, aujourd’hui.

Joachim MBANZA

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