Une catastrophe dont il faut se relever!

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Les résultats du baccalauréat général de cette année sont une catastrophe nationale. C’est le moins qu’on puisse dire. Déjà, la session de l’examen d’Etat elle-même était passée par une catastrophe: celle des fuites massives des sujets via les réseaux sociaux. La session de juin avait dû être annulée, pour être remplacée par une autre session au mois de juillet. Le chef de service baccalauréat général et des membres du jury furent arrêtés.


Avec un faible pourcentage de 10,08% d’admis, soit 6.714 sur 66.587 candidats, les résultats du baccalauréat général session de juillet 2015 constituent aussi une catastrophe nationale. A peine 4 élèves ont obtenu la mention «Bien» et 342, la mention «Assez bien». 6.368 ont eu le bac avec la mention «Passable». Incroyable mais vrai! Chacun a sa part de responsabilité dans cette catastrophe nationale: les élèves eux-mêmes, les parents, les enseignants, les établissements scolaires et évidemment le gouvernement.
Il y a lieu de se demander si ces enfants ont réellement composé sur les matières enseignées durant l’année scolaire ou qu’ils sont alors paresseux, pas intelligents ou qu’ils ont été mal enseignés. Bref, il faut rechercher les maux qui minent notre système éducatif national et trouver des remèdes efficaces pour le relever rapidement. Le président de la République ne peut pas consacrer deux années successives à l’école comme priorité de développement national, y affecter des budgets annuels importants et se retrouver avec autant d’élèves incapables de surmonter l’examen du bac général. «Pour 2014, je prends l’engagement, au nom du gouvernement, que cette œuvre importante et exaltante de la marche du Congo vers l’émergence sera poursuivie avec davantage d’ardeur et de détermination. Il s’agira, puisque l’école est le berceau de la République, de redonner, au cours de cette année, en termes d’investissements publics, la priorité à ce secteur, en prenant en compte, cette fois-ci, l’ensemble du système éducatif: enseignement fondamental, enseignement technique, formation qualifiante et enseignement supérieur», disait le chef de l’Etat dans son message de vœux de nouvel an, le 31 décembre 2013. Ainsi, deux années consécutives ont été consacrées comme priorité à l’éducation nationale: 2013 et 2014. Dès la première année où l’on devait goûter les fruits de cette option volontariste, on récolte une catastrophe: des candidats au bac qui ne cherchent qu’à tricher. Conséquence: session de juin 2015 annulée et des millions de Francs Cfa jetés à l’eau. Nouvelle session du bac: à peine 10,08% de candidats admis. Pour l’émergence du Congo, il y a des soucis à se faire. Sans cadres bien formés, comment peut-on prétendre à l’émergence et être une économie diversifiée et compétitive?
Le Congo n’est sans doute pas, sur le continent, le seul pays à enregistrer de mauvais résultats au bac. Sur 127.948 candidats, le Mali n’a récolté que 17,82% de bacheliers cette année, mais ces résultats ont suscité moult critiques dans ce pays. Cependant, au Congo, on semble allègrement tourner la page, après quelques réactions des officiels. Il s’agit pourtant d’un scandale devant susciter une certaine remise en cause. Là où l’on attend des gouvernants de s’illustrer par de bons bilans de leurs actions, certains s’illustrent plutôt par un culte de la personnalité destiné à garantir la longévité de carrières politiques, au point que des secteurs entiers de la vie nationale en pâtissent, malgré les moyens colossaux souvent mis à disposition. Ce ne sont pas les cadres compétents qui font défaut dans le pays, mais la politique qui souvent a les raisons de ne pas recourir aux compétences souhaitées. J’ai toujours pensé que la démocratie est un régime redoutable, car c’est un régime d’émulation publique, c’est-à-dire d’exclusion de ceux qui ne font pas preuve de compétence, de bons bilans de leurs actions. La démocratie brise des carrières politiques, car elle exige toujours et sans cesse, des bilans positifs, pour évoluer. Lorsqu’un acteur politique arrive au gouvernement, lieu par excellence de l’action publique, on ne devrait plus le juger sur sa capacité à mobiliser les militants de son parti, à chaque événement présidentiel, mais bien sur sa capacité à produire des bilans positifs de sa gestion publique.
En France, le taux de réussite dans les différentes catégories du baccalauréat cette année est de 87,8% sur 703.500 candidats. Un taux honorable quoique légèrement en baisse par rapport à l’année dernière, mais qui a suscité sa part de commentaires et de critiques. Voilà un pays qui travaille sans cesse à son avenir.
Au Congo, 60 mille jeunes venant de rater le bac général s’interrogent sur leur avenir. Certains vont reprendre l’examen l’année prochaine, d’autres vont s’orienter dans d’autres filières de formation mais beaucoup d’entre eux risquent de se retrouver dans la rue, cherchant un hypothétique avenir que le pays aura du mal à leur offrir. Il faut faire renaître l’espoir dans le secteur de l’éducation nationale, par une batterie de mesures vigoureuses que le gouvernement ne devrait pas hésiter à entreprendre.

Joachim MBANZA

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