«On ne peut vouloir d’une chose et son contraire à la fois»
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- Publié le mercredi 8 juillet 2015 09:19
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«Rien n’est figé ni définitivement arrêté dans la vie d’une Nation. Surtout pas les nôtres encore toutes jeunes et confrontées à des pesanteurs qui entravent leur processus de développement et d’épanouissement», avons-nous dit la fois passée, en nous félicitant de la convocation du dialogue national sans exclusive.
Mais, notre espoir pourrait vite tourner en désillusion. Et pour cause, à peine annoncé, à la grande satisfaction de tous, le dialogue national sans exclusive donne l’impression d’être déjà compromis, après la publication des décrets portant organisation et nomination des membres de la commission préparatoire de ce dialogue. Disons-le humblement: on ne peut pas vouloir d’une chose et son contraire à la fois. On ne peut pas convoquer le dialogue et faire tout le contraire du dialogue. «Tout ce qui rentre dans la tenue d’un dialogue devrait se faire aussi dans le dialogue», avions-nous dit.
Le centralisme démocratique est une idéologie qui s’est essoufflé, avec l’effondrement du bloc soviétique à la fin des années 80. Avec la démocratie pluraliste, on parle de partenariat et même de partenariat gagnant-gagnant. Alors, si l’on veut aller au dialogue, il faut faire de telle sorte que tout le monde y gagne: les dirigeants politiques, les femmes, les travailleurs, les jeunes… Bref, les Congolais au-delà de tout.
Chaque événement est inscrit dans un contexte qui influence sa nature. Le dialogue national sans exclusive est convoqué dans un contexte national marqué par une forte crise de confiance au sein d’une classe politique où l’on est condamné à naviguer entre préjugés, soupçons, suspicions, traîtrise et autres coups bas. Les valeurs et les convictions sont sacrifiées à l’autel des intérêts immédiats. La réalité est interprétée sous le prisme déformant des intentions malveillantes qu’on porte sur les autres. Ceux qui se querellent aujourd’hui vont se retrouver demain en bons copains pour quereller les autres et ainsi de suite.
La majorité ne pourra s’en prendre qu’à elle-même pour n’avoir pas réussi à créer les conditions d’un débat sain et responsable autour de la Constitution. Aujourd’hui, l’opposition a beau jeu de se méfier d’un dialogue national sans exclusive qui a tout l’air d’un marché de dupes. Pour avoir été conduite en bateau avec les rendez-vous précédents (Ewo, Dolisie), on peut comprendre aujourd’hui ses exigences. Ne dit-on pas que «chat échaudé craint l’eau froide»?
«On ne fait d’omelettes, sans casser des œufs», dit un autre adage. Si on veut du dialogue, il faut se préparer à aborder ses exigences. Dans le contexte qui est le nôtre où les institutions nationales fonctionnent normalement et qu’elles ne sont pas remises en cause, le dialogue devrait s’inscrire dans une perspective sereine et confiante, puisque que ses conclusions n’ont pas force de loi, sinon que des propositions dont le gouvernement devra prendre en compte. Il faut un minimum de confiance, pour que le dialogue soit une source de consolidation de notre démocratie.
Joachim MBANZA