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La démocratie doit-elle toujours déboucher sur le désordre en Afrique ?

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Rien ne va plus en Guinée-Conakry, entre le pouvoir et l’opposition. Au cœur de la crise, la question du calendrier électoral. Elu en novembre 2010, avec  52,5% des suffrages face à Cellou Dalein Diallo, son principal adversaire devenu leader de l’opposition, le président Alpha Condé achève son mandat de cinq ans, en début novembre prochain. Selon le calendrier électoral publié par la Ceni (Commission électorale nationale indépendante), l’élection présidentielle est prévue en octobre 2015, alors que les élections locales ont été renvoyées en 2016.


L’opposition, à travers ses différentes plateformes, conteste le calendrier électoral publié par la Ceni. Pour elle, les élections locales doivent se tenir avant l’élection présidentielle. Et pour cause, elle craint que les organes locaux provisoires mis en place par le gouvernement, soient ceux-là qui gèrent l’élection présidentielle. Depuis, pouvoir et opposition sont à couteaux tirés sur la question du calendrier électoral: l’opposition veut que les élections locales se tiennent avant l’élection présidentielle d’octobre 2015. Le pouvoir maintient que cela est impossible et donc, il faut s’en tenir au calendrier publié par la Ceni.
Les tentatives de dialogue se heurtent, jusque-là, à l’intransigeance des deux parties. Depuis le début de l’année, l’opposition fait parler la rue. Et la répression de la force publique ne se fait pas attendre. Ce bras de fer entraîne son cortège de morts, de blessés, d’arrestations et de dégâts matériels, replongeant la Guinée-Conakry dans la violence qui a, souvent, caractérisé son histoire post-indépendance. L’opposition a même radicalisé son attitude, en appelant à la réforme de la Ceni.
Beaucoup se demandent pourquoi le président Condé, ancien opposant invétéré ayant connu lui-même l’exil sous le régime dictatorial de Sékou Touré qui l’avait condamné à mort par contumace, la prison sous le régime de Lansana Conté qui l’avait fait juger par une «Cour de sûreté exceptionnelle», soit celui-là dont la gouvernance intransigeante est loin de l’image de démocrate qu’on aurait pu observer chez lui. La répression violente des manifestations par la force publique et les arrestations de manifestants donnent de son régime une image d’Etat policier qui ne peut qu’inquiéter.
Il est étonnant que pour une histoire de calendrier électoral, la Guinée soit au bord du chaos. A vrai dire, la crise pré-électorale est alimentée par un véritable combat d’égo entre deux loups de la politique guinéenne: le président Alpha Condé et son challenger, Cellou Dalein Diallo. Les deux hommes devant se retrouver, de nouveau, en compétition électorale présidentielle, après celle de 2010. Le dialogue entre eux est devenu impossible, tant il est vrai que chacun multiplie les obstacles. Des voix s’élèvent, déjà, pour demander l’implication de la communauté internationale dans la recherche d’une voie de sortie de crise en Guinée-Conakry, afin de créer les conditions d’un calendrier électoral qui ferait l’unanimité. Le retour au calme en Guinée est suspendu au tête-à-tête entre le président Alpha Condé et son principal rival. Pendant ce temps, les Guinéens sont confrontés à l’insécurité due au désordre qui affecte leur pays. La démocratie doit-elle toujours déboucher sur le désordre, en Afrique, quitte à compromettre ou retarder le développement tant recherché? Aux démocrates africains de réfléchir.

Joachim MBANZA

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