Il y a lieu de faire mieux !
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- Publié le mardi 7 octobre 2014 08:59
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Les résultats des élections locales sont, enfin, tombés. Ils étaient attendus de pied ferme par les différents candidats. Dans certaines circonscriptions, ils suscitent, malheureusement, de vives controverses. La proclamation officielle des résultats est parmi les dernières étapes du processus électoral relatif à l’élection des conseillers départementaux et municipaux. La dernière étape étant, s’il y en a, l’examen des contentieux par les tribunaux, avant que tout le processus ne soit bouclé.
A l’étape actuelle, quelle appréciation peut-on faire de ce processus électoral? D’abord, on peut relever qu’il s’est tenu dans un contexte de stabilité institutionnelle et de sécurité nationale, alors que les indicateurs économiques nationaux sont bons, dans l’ensemble, en dehors du taux d’inflation qui est au-dessus de la norme Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale). Le pays affiche un taux de croissance de l’ordre de 5% et la prévision de 2014 est de l’ordre de 10 à 11%, ce qui traduit une bonne santé économique.
Mais, l’organisation des élections ne semble pas avoir comblé les attentes de tous. Le recensement administratif spécial réalisé dans l’unique but de sortir des listes électorales fiables a débouché sur une grande polémique. L’électorat congolais a augmenté, ici, et diminué, là, sans explications valables encore moins scientifiques. La réforme de la Conel, suivant les recommandations consensuelles de Dolisie, s’est faite sur fond de vive controverse entre la majorité et l’opposition. Aucun calendrier relatif à l’organisation des élections n’a été préalablement mis au point. Tout est allé comme dans une véritable navigation à vue. Le décret convoquant le corps électoral pour les élections locales est au cœur d’un débat politico-juridique, comme on en a jamais vu dans l’histoire du pays.
L’organisation du scrutin s’est faite dans une certaine confusion. Pendant qu’on est en pleine campagne électorale, on nomme les membres de la nouvelle Conel et on publie les dates des élections sénatoriales partielles. La précipitation était telle que, malgré les efforts fournis pour bien faire, la désorganisation n’a pu être évitée et cela s’est manifesté dans la mauvaise distribution des cartes d’électeurs et dans le retard à l’ouverture de certains bureaux de vote. Le faible taux de participation qui a caractérisé ce vote trouve, en partie, son explication dans cette désorganisation qui s’est répercutée jusqu’à la proclamation des résultats en deux temps, pendant que les partis politiques et la presse ne peuvent accéder à aucun document officiel, signé par les autorités compétentes, contenant les résultats, au lendemain de leur proclamation, limitée à la radio et à la télévision, à l’heure où l’on parle des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Aucun site Internet officiel où l’on peut trouver les résultats.
Les élections locales allaient se tenir en juin 2013. Elles avaient été reportées, à cause du dialogue politique national de Dolisie qui avait pris des recommandations, à l’issue d’âpres négociations, pour améliorer le système électoral et le rendre crédible à toutes les parties. Au bout du compte, que du temps et de l’argent perdus. Non seulement on n’a pas intégralement tenu compte des recommandations d’Ewo et de Dolisie, mais encore l’Etat a déboursé beaucoup d’argent, pour financer des dialogues politiques et des opérations qui n’ont rien apporté de significatif à l’amélioration du processus électoral.
Les progrès, il faut les voir dans la présence effective des délégués des candidats dans les bureaux de vote, le dépouillement, le comptage des bulletins de vote et la signature des procès-verbaux contenant les résultats, etc.
La question qu’il faut se poser est celle de savoir s’il sera possible, pour le Congo, d’envisager un avenir pacifique et stable avec une telle manière d’organiser les élections? Rendez-vous politique majeur dans la vie d’une nation, l’élection présidentielle est prévue, suivant l’agenda constitutionnel, en juillet ou août 2016. Certains peuvent penser qu’on en est encore loin. Mais, au regard de ce qu’on a vécu avec les élections locales, le gouvernement devrait, sérieusement, se préoccuper, dès à présent, de créer les conditions d’un processus électoral bien maîtrisé et crédible, pour que le souverain primaire s’exprime en 2016, en toute sérénité et quiétude. Surtout qu’on y parle de bulletin unique.
Joachim MBANZA