GABON : Le nouveau code pénal jugé liberticide
La société civile gabonaise dénonce des dispositions du nouveau code pénal. Si la révision de ce dernier a défrayé la chronique à cause de la dépénalisation de l’homosexualité, ce sont plutôt d’autres dispositions du même code qui inquiètent la société civile et les confessions religieuses du Gabon. Jugé trop répressif, le nouveau code pénal a fait l’objet d’une protestation pacifique de la part de plusieurs pasteurs et quelques leaders syndicaux, samedi 18 juillet dernier.
En exemple, l’article 158 du nouveau code dispose que «l’outrage envers le Président de la République, commis en quelque lieu, en quelque occasion ou par quelque moyen que ce soit, est puni d’un emprisonnement de cinq ans au plus et pourra l’être en outre d’une amende d’un montant de 5.000.000 de francs au plus»; le deuxième alinéa de l’article précise que «si l’outrage a été commis par voie de tracts, de tout moyen électronique, de bulletins ou papillons, distribués ou exposés au regard du public ou détenus en vue de la distribution, les auteurs et complices sont punis de deux ans d’emprisonnement au plus et d’une amende de 2.000.000 francs au plus».
Connu pour ses prises de position tranchées, le président du Réseau des organisations de la société civile pour la bonne gouvernance, Georges Mpaga, dénonce cette loi. Il estime que «c’est une dérive! Nous rejetons systématiquement ce code pénal! C’est un code pénal inique, inconstitutionnel et liberticide».
Pour Georges Bruno Ngousssi, pasteur de l’Eglise Nazareth, coordonnateur de cette marche de protestation, «c’est une loi discriminatoire. Elle est votée pour museler les gens que l’on ne veut pas entendre parler». Quant au révérend pasteur Aimé Koumba, son collègue, «un prédicateur ne pouvait que critiquer ouvertement l’action du Gouvernement, sous peine d’avoir trois millions de FCFA d’amende ou de peines de prison». Il a renchéri que «ce ramassis de code interdit pratiquement tout. Plus de marches, on ne peut plus dénoncer le fait que quelqu’un est d’une nationalité douteuse lorsqu’il se réclame de nationalité gabonaise…tout passe du simple à l’interdit».
Le code pénal contesté a été promulgué par le chef de l’Etat gabonais le 30 juin dernier. Par ses marches de protestation, la société civile exerce une certaine pression sur la Cour constitutionnelle qui doit statuer en dernier ressort sur le texte.
Gaule D’AMBERT