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Errements

La pandémie du coronavirus est nouvelle, il est donc normal que nous errions dans la manière de l’appréhender. Et que nous cumulions erreurs et maladresses. Tous les pays en sont passés par là d’ailleurs, et barbotent dans des certitudes qui finissent par se télescoper, se repousser, s’annuler. Gants, bavettes, gels, chloroquine ont fait l’objet de leur forte promotion et/ou de leur non moins véhémente condamnation.
Il en est de même de la connaissance du mode de contamination de la maladie. Faut-il une distanciation sociale (qui existe, de fait, entre riches et pauvres) ou une distanciation physique? La contamination se fait-elle par les aérosols, les postillons ou dans l’air? Les contaminés guéris peuvent-ils se recontaminer au contact avec le virus? Les asymptomatiques le restent-ils à vie?
Toutes ces questions ont reçu des réponses qui ont varié par la suite. Normal pour une maladie qui a mis le monde, sans exception, à genoux en seulement six mois. Nous n’avons pas fini de la connaître, de nous rendre compte de la fragilité de nos certitudes, et donc de nous ajuster perpétuellement. Quitte à «copier» chez les autres ce qui marche. C’est-à-dire, ce qui freine le galop de ce virus dans nos pays démunis.
Mais de temps en temps, nous pouvons nous arrêter et faire le point; écarter définitivement les pratiques qui n’aident pas. Il y en a quelques-unes de notoires, mais la persistance de questions comme: «Vous y croyez, vous, à cette maladie?» est troublante. Hier c’était parce que les malades qu’on nous citait appartenaient au seul monde des nantis, de «ceux qui voyagent». Ensuite, parce nous ne pouvions mettre aucun visage sur les malades supposés. Mais aujourd’hui?
De même, est aussi notoirement avérée maintenant l’inefficacité de toutes les poudres de perlimpinpin qui ont fait florès un moment. Citrons, ail, oignon, thés verts, bière, bain de soleil ou infusions de branchages (le fameux tchoko de nos grand-mères), résistance de la race: tout cela, rangeons-le et tournons-nous résolument vers les seules certitudes qui sauvent. Même présentées par des personnalités au verbe fleuri, ces tentatives ne sont que des tentatives. Des errements de plus.
Nous écarterons aussi volontiers toutes les immixtions de la politique dans un domaine qui devrait être de la seule science. Même venue de loin, la potion malgache a fait la preuve de son inefficacité. Et ce n’est pas parce que son VRP est le président malgache en personne que cela change quelque chose. Y mettre le trémolo du panafricanisme africain ou du patriotisme n’y changera rien. Un produit africain pour sauver les Africains, cela sonne bien dans un discours, pas dans un hôpital.
C’est d’ouvrir l’œil sur tous nos errements que nous pourrons affronter cette maladie avec la lucidité qu’elle exige. Nous, à La Semaine Africaine, nous avons décidé unanimement que COVID était du genre féminin. Nous dirons donc La COVID-19. Fini l’errement, y compris dans la sémantique et la grammaire.

Albert S. MIANZOUKOUTA

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Heure de Brazzaville

08 octobre 2020, 23: 51

Editorial

NKAYI ET AU-DELÀ

Il y a de la démobilisation dans l’air. Non que le Congo ait vraiment adopté des mesures de rigueur exceptionnelle, mais le fait est que la pandémie du coronavirus marque visiblement le pas ici. Nous nous glorifions à l’envi des chiffres inexplicablement bas des morts et des contaminés. Nous glosons sur le fait que nous avons littéralement feinté cette maladie «née ailleurs où on a mangé du pangolin», comme l’explique avec verve le Congolais tutoyant sa bière. De fait, l’espérance de tout un peuple, de tout un continent est que cette maladie, brutalement surgie en notre société, emportant des pans entiers de population, s’en aille au plus vite.

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