ELECTION PRESIDENTIELLE : Pour Paulin Makaya, les dés sont pipés d’avance
Le leader du Parti Uni pour le Congo (UPC), Paulin Makaya, a fait part de son scepticisme sur la transparence de la future élection présidentielle, en mars 2021. Au cours d’un l’atelier de formation des journalistes, au Centre interdiocésain des Œuvres (CIO) à Brazzaville du 17 au 15 décembre dernier, il a développé un sous-thème «Contentieux et contestation des élections».
Le contentieux électoral, a-t-il dit, est un échec démocratique qui naît du non-respect des règles élémentaires de base d’une démocratie. Pour réaliser une élection libre et équitable, le conférencier pense qu’en plus du respect des textes, cela est le fruit d’un consensus entre les principales forces politiques au sein des grandes démocraties occidentales. Cependant, dans bien des Etats africains, le Congo y compris, «le système électoral est le résultat de la seule volonté du parti au pouvoir».
Pour qu’une élection soit considérée comme libre et équitable, a affirmé le président de l’UPC, «elle doit être préalablement bien préparée par le ministère en charge de l’administration du territoire, être gérée par une commission électorale véritablement indépendante».
Lorsque les conditions d’une élection libre et équitable sont réunies et respectées, les raisons d’un contentieux électoral seront réduites, «sinon inexistantes, garantissant ainsi une élection acceptée par tous, gage d’une paix véritable post électorale», a-t-il estimé.
A la lumière de ce qui se fait dans le pays, «il n’y a aucun respect des bases élémentaires de gouvernance électorale. Les dés sont toujours pipés d’avance par les structures en charge de la préparation et du suivi des élections. Toute une organisation machiavélique est mise en place avant, pendant et après les élections dans le but de truquer les résultats», a-t-il martelé.
Selon lui, «c’est le comportement de leaders qui veulent s’éterniser au pouvoir par tous les moyens, notamment la fraude, l’intimidation et le refus des résultats réels des urnes lorsqu’ils ne sont pas en leur faveur, qui créent les conditions favorables aux contentieux électoraux ou contestations électorales. Dans notre pays, tant qu’il n’y aura pas d’élections libres, transparentes et équitables, il y aura toujours des contentieux pré-électoraux et post-électoraux qui sont souvent à l’origine des tensions sociales, des tueries et des emprisonnements illégaux des leaders politiques».
Pour Paulin Makaya, le paysage médiatique congolais laisse entrevoir aussi, de façon globale, une situation lamentable. Au premier plan, a-t-il poursuivi, «l’état de délitescence des infrastructures de communication occasionnant, ipso facto, l’enclavement de l’arrière-pays, rendant ainsi non opérationnel le travail des professionnels de l’information et des médias dans certaines zones du pays. Le second point est celui de la confiscation des canaux d’information par le Gouvernement. D’une part, cela ne favorise pas l’égal accès aux médias d’Etat, largement inféodés à un seul pouvoir et, d’autre part, ne facilite pas la fluidité de l’information. A ce triste tableau s’ajoute l’accaparement éhonté des médias par le PCT».
Le leader de l’UPC s’en est pris aussi au CSLC qui, selon lui, «semble plutôt faire preuve de laxisme et de complaisance. Aussi, donne-t-il l’impression, de ne sanctionner que les médias supposés être proches de l’opposition, alors qu’il a une main très légère pour sanctionner les dérives médiatiques de la presse dite proche de la mouvance présidentielle. Ce même constat est fait sur la censure systématique des informations liées aux activités politiques des partis de l’opposition véritable».
A l’approche de l’élection présidentielle, «tout porte à croire que le pouvoir s’est engagé sur la voie fatale consistant à organiser un énième passage en force», a dit Paulin Makaya, tout en remettant en cause l’indépendance de la CNEI. «Si indépendante elle l’était réellement, elle devrait veiller au grain, être vigilante afin d’éviter la falsification des procès-verbaux».
L’UPC propose un schéma de sortie de crise au Congo intitulé: «Pour une solution politique négociée», dans lequel il sollicite la libération de tous les prisonniers politiques, la mise en place d’une commission électorale nationale véritablement indépendante, la révision de la loi électorale ainsi que du découpage électoral en vue d’une représentativité plus équilibrée et plus fidèle de l’électorat congolais, faire tenir des audiences foraines en vue de la reconstitution des actes de naissance perdus par les Congolais pendant les guerres, revoir la nomination des préfets, sous-préfets, maires de communautés urbaines, etc.
KAUD
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