Droits humains : Des ONG demandent la libération des personnes arrêtées
Libérer immédiatement le Dr Alexandre Ibacka Dzabana et le journaliste Raymond Malonga, détenus illégalement: c’est ce qui ressort d’un communiqué de presse signé par 14 organisations internationales et nationales de défense des droits de l’homme et rendu public mardi 30 mars 2021, au cours d’un point de presse donné au siège de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH), à Brazzaville.
Le point de presse a été animé par Trésor Nzila Kendet, directeur exécutif de l’OCDH, Joé Washington Ebina, président de la Fondation Ebina et Gaspard Mienantima, membre du Cercle uni des droits de l’homme et pour la culture de paix (CUDHOC). L’ensemble des organisations exige la libération immédiate du Dr Alexandre Obacka Dzabana, membre de l’organisation M22 enlevé jeudi 11 mars dernier devant son domicile et détenu dans les services de la Centrale d’intelligence et de documentation, ex-direction générale de la surveillance du territoire à Brazzaville et du journaliste Raymond Malonga, directeur de publication du journal satirique «Sel-Piment» arrêté depuis le 2 février 2021 et détenu à la Maison d’arrêt de Brazzaville.
Depuis plus de quinze jours Alexandre Ibacka Dzabana, 77 ans, est gardé dans les geôles de la centrale d’intelligence et de la documentation, indiquent les organisations qui disent être sans nouvelles de lui. Son avocat, sa famille et ses proches n’ont aucun contact avec lui malgré la volonté de le voir en se rendant à la centrale d’intelligence. On lui reprocherait une tentative d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat, une infraction régulièrement utilisée par les autorités du pays à l’endroit des activistes des Droits de l’homme. Ses conditions de détention sont ignorées complétement. Sa garde à vue, dont la durée légale au Congo est de cinq jours maximum selon l’article 48 du code de procédure pénale, est largement dépassée. Sa détention est arbitraire, estiment les organisations de défense des droits humains.
Selon le droit congolais, une personne gardée à vue a le droit d’être assistée par un avocat dès l’enquête préliminaire. Les organisations de défense des droits de l’homme déplorent le fait que l’avocat ne peut rencontrer son client, qui est une violation manifeste du droit congolais puisque cette restriction contrevient à l’article 7 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) et à l’article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP).
Quant à Raymond Malonga, il est placé sous dépôt à la Maison d’arrêt pour avoir relayé dans son journal un article intitulé: «Georgette Okemba, Mme JDO, a-t-elle détourné 1 milliard de F.CFA au trésor public?». En droit congolais, lorsque la peine maximale prévue par la loi en matière correctionnelle est inférieure à un an d’emprisonnement, l’inculpé domicilié au Congo ne peut être détenu plus de 15 jours après sa première comparution devant le juge d’instruction (Art.120 du code de procédure pénale). La loi congolaise ne prévoit pas de peines de privation de liberté en matière de diffamation, sauf dans des circonstances très précises lesquelles ne s’appliquent pas à cette affaire.
Au regard de la loi congolaise, le Dr Alexandre Ibacka Dzabana et le journaliste Raymond Malonga subissent des détentions illégales et arbitraires, indiquent les organisations de défense des droits humains qui exhortent les autorités congolaises à libérer immédiatement les deux détenus; à respecter les droits de défense; à mettre un terme à toutes les attaques à l’encontre des défenseurs des droits humains, à les protéger et à créer des conditions favorables à la conduite de leurs activités légitimes, ainsi qu’à garantir le respect des libertés et droits fondamentaux, conformément aux engagements internationaux et régionaux pris par le Congo.
Elles demandent, par ailleurs, aux partenaires internationaux du Congo de prendre toutes les mesures nécessaires permettant la libération du Dr Alexandre Ibacka Dzabana et du journaliste Raymond Malonga par les autorités congolaises; d’interpeller celles-ci sur la situation des défenseurs des droits humains et de demander la cessation de toutes les attaques à leur encontre et partant, de renforcer leur action et mécanismes pour contribuer à la protection des défenseurs des droits humains et de l’espace civique au Congo.
Philippe BANZ
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