CONCERTATION DE MADINGOU : Enième parlote ou nécessité nationale?
Dans la perspective de l’élection présidentielle qui pointe à l’horizon, le Gouvernement entend organiser à Madingou, chef-lieu du département de la Bouenza, une concertation politique à l’image de celle qui eut lieu à Brazzaville, en 2009; à Ewo, en 2011; à Dolisie, en 2013; à Sibiti, en 2015 et à Ouesso, en 2017. Une simple rencontre de routine ou un moment de dialogue et d’entente, en vue d’élections libres, transparentes et crédibles qui ne feront l’objet d’aucune contestation?
D’ores et déjà, les partis de l’opposition congolaise réunie au sein du collectif des partis signataires de la déclaration du 17 août 2012 et le parti Unis pour le Congo (UPC) ont fait savoir qu’ils allaient boycotter cette rencontre qui, selon eux, n’aboutira à rien. De son côté, l’opposition modérée a porté, quant à elle, son soutien à cette initiative. Une divergence d’opinion qui caractérise le manque de sérieux des politiques.
La concertation devrait réunir les membres du Gouvernement et leurs collaborateurs, les partis et groupements politiques de la majorité et de l’opposition et des autres partis, les représentants de la société civile, les présidents des groupes parlementaires, les représentants des Institutions et administrations publiques, les représentants du corps diplomatique ainsi que des organismes internationaux.
Sous le patronage du ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, la concertation de Madingou comme celles d’avant, devrait préparer toutes les conditions pour que les Congolais expriment librement leur choix, au travers de consultations électorales libres et transparentes.
Malheureusement, l’application d’une telle disposition fait toujours l’objet de contestation de la part des acteurs politiques, surtout de l’opposition, qui s’estiment lésés par le Gouvernement qu’ils accusent de ne pas respecter ses engagements et les recommandations prises précédemment.
Sachant que les élections peuvent être source de conflits au regard des contestations qui en découlent parfois, Raymond Zéphyrin Mboulou avait témoigné, à Ewo, de la volonté du Gouvernement de travailler à la consolidation de la paix au travers d’un dialogue toujours ouvert et permanent.
Par ailleurs, il s’était engagé de tout mettre en œuvre pour la tenue d’élections libres, transparentes et apaisées pour consolider la dynamique de paix enclenchée dans le pays.
Pour l’opposition, les recommandations issues des différentes concertations déjà organisées n’ont pas totalement été respectées par le Gouvernement. A telle enseigne, qu’une frange de l’opposition a rejeté le rendez-vous de Madingou et exigé un «vrai» dialogue sous l’égide du Conseil national du dialogue, organe de concertation, d’apaisement et de recherche du consensus entre les forces vives de la Nation, sur les grands problèmes politiques d’intérêt national.
Et non du ministère de l’Intérieur qui n’a plus cette légitimité depuis la mise en place du Conseil qui avait, d’ores et déjà, entamé des consultations avec les différents acteurs politiques tant de l’opposition que de la majorité en vue d’une concertation qui est toujours attendue.
Alors, Madingou sera-t-elle, au travers de cette concertation, le socle de l’unité, de l’entente, de la concorde, du dialogue, d’échanges et surtout de la responsabilité que clament les uns et les autres pour aplanir leurs divergences au détriment de l’intérêt supérieur? Le Congo est une nation de moins de cinq millions habitants avec ses 342.000 km2.
A l’image de l’un des couplets de son hymne national, les acteurs politiques qui se rendront au chef-lieu de la Bouenza, sauront-ils oublier ce qui les divise, pour enfin arriver à un consensus autour de l’organisation de l’élection présidentielle de mars 2021 dans la transparence et sans contestation?.
Cyr Armel
YABBAT-NGO
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