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CHU-B : Gilbert Mokoki appelé à être l’homme de la rupture

CHU-B : Gilbert Mokoki appelé à être l’homme de la rupture

«S’informer, toucher et identifier les problèmes»: tels sont les objectifs de la visite du ministre de la Santé, Gilbert Mokoki, le jeudi 15 juin dernier au centre hospitalier et universitaire de Brazzaville (CHU-B), en proie à des difficultés qui minent son fonctionnement et entraînent des grèves. Le patron du département de la santé est allé toucher du doigt les réalités de la plus grande expertise médicale du pays qui ne jouit plus d’une bonne réputation au sein de la population qui l’a même débaptisée «CH-tue».

Dans le cadre de la prise en charge des malades de la COVID-19, «on assiste quelques fois à un paradoxe: nous voyons le CHU-B transférer les malades vers les formations sanitaires de niveau inférieur», a déploré le ministre qui a exhorté les agents de santé à se faire vacciner contre la COVID-19.
«Il a été prouvé que le personnel de santé, de manière générale, n’adhère pas à la vaccination, alors qu’il est en contact avec beaucoup d’autres citoyens», a-t-il regretté.
Après la visite de certains services, le ministre a eu une rencontre avec le directeur général du CHU-B, Denis Bernard Raiche, assisté de son adjoint, le Dr Ulrich Judicaël Biez, les chefs de service et les syndicalistes, dans l’auditorium. Un moment d’échanges et de vérités.
Les syndicalistes ont demandé la résiliation du contrat avec l’Unité de santé internationale de Montréal qui, pour eux, est un «impératif et non négociable»; le départ de la directrice des ressources humaines, absente du Congo. «Les travailleurs s’organisent de telle sorte que si elle revient, qu’elle soit chassée de la pire des manières»; la réhabilitation du président de l’intersyndicale qui avait été chassé et licencié par l’équipe dirigeante actuelle du CHU-B, qui «refuse d’appliquer la décision de la commission de litige qui avait rendu le verdict en faveur du syndicaliste», ont-ils expliqué, tout en déplorant les mauvaises conditions de travail.
«Je pense que le propre d’un cadre, c’est de dire la vérité pour que les solutions soient apportées. Quand nous avons suivi certains responsables vous raconter les réalités de leurs services, c’est dommage qu’ils ne vous aient pas dit la vérité», a déclaré l’un des syndicalistes au ministre.
Très déterminé, le Pr Koua Mbon a voulu régler ses comptes avec le staff du CHU-B. Pour lui, le CHU-B est cabossé. «Pour que l’hôpital fonctionne, il faut qu’il y ait une relation fusionnelle entre l’équipe managériale et le personnel. Il me semble que cette confiance a été rompue. Je ne sais pas si dans cette salle, il y a des gens qui sont contents de voir comment leur direction fonctionne. Une direction doit se faire respectée, elle ne doit pas être violente et irrespectueuse. Une direction doit être dirigiste», a-t-il affirmé.
Il a fait savoir que le CHU-B manque d’eau; qu’il compte un circuit électrique défectueux et son groupe électrogène n’est même pas automatique. Parmi les propositions, le Pr Koua Mbon a suggéré une gestion collégiale pour cette structure sanitaire. «Je voulais, Mr le ministre, que vous soyez cet homme de la rupture», a-t-il renchéri.
Prenant la parole, le ministre a fait montre de pédagogie pour tenter de calmer les appétits et les passions des uns et des autres. Aux syndicalistes qui revendiquent la résiliation du contrat avec l’Unité de santé internationale de Montréal qui gère le CHU-B, il a demandé s’ils avaient vu et pris connaissance de ce contrat. «Non», ont-ils répondu.
«C’est au Gouvernement d’apprécier et d’évaluer la mise en œuvre de ce contrat afin de décider s’il faut continuer ou non», a indiqué Gilbert Mokoki.
Pour lui, ce que vit le CHU-B aujourd’hui, est la conséquence d’une mauvaise option. «Ne soyez pas catégorique. Je ne prends pas les décisions à partir des pressions de la rue», a fait remarquer le ministre, en paraphrasant le chef de l’Etat.
«Je suis venu toucher et identifier les problèmes. Il est hors de question que nous allions vers les extrêmes. Toute la vie aujourd’hui est une question de négociation. J’ai pris bonne note de tout ce que vous avez dit, laissez-moi le temps de répartir les traiter et ensemble, nous trouverons les solutions», a-t-il promis.
Pour effacer la mauvaise image dont jouit le CHU-B, le ministre a fait comprendre qu’il faut travailler ensemble pour commencer par transformer le service des urgences, véritable miroir du centre, dont les prestations ne sont pas à la hauteur des attentes des malades qui sont parfois abandonnés pendant des heures sans être consultés ou gardés dans le couloir, allongés sur les brancards où ils prennent leurs soins par manque de salles ou insuffisance de lits. Le service est souvent débordé et sa capacité d’accueil ne répond plus à telle enseigne que les accompagnateurs et les malades occupent le même espace, le hall de réception.
«Ensemble, a dit le ministre, prenons l’engagement d’améliorer la réactivité dans l’accueil humanisé des patients par la formation du personnel. «Prévoir une trousse médicale d’urgence qui évitera aux accompagnateurs des malades de longues promenades parfois à des heures indues à la recherche d’un médicament même de première nécessité; mettre en place une pharmacie digne d’un établissement de ce nom; établir les liens fonctionnels entre le service des urgences du CHU-B et les formations sanitaires d’échelon inférieur dans la référence des cas; garantir aux malades la pratique des examens de laboratoire et de l’imagerie à n’importe quelle heure; assurer la disponibilité 24/24 du personnel médical spécialisé. Le constat est qu’une fois la nuit tombée, ce sont les médecins externes qui tiennent les services spécialisés sans encadrement. Ce n’est pas normal. Va-t-on continuer comme ça?», s’est interrogé le ministre.
Gilbert Mokoki s’est engagé à renforcer le plaidoyer à tous les niveaux pour que les moyens soient effectifs. «Le contexte étant particulier, je sais compter sur votre fibre patriotique afin de comprendre de façon objective que le moment n’est pas aux revendications irréalistes», a-t-il dit.
Tout en reconnaissant la légalité des revendications syndicales, le ministre pense que l’intransigeance et la témérité syndicale sont un choix qui n’honore pas les femmes et les hommes ayant prêté le serment d’Hippocrate. «Travaillons dans une parfaite complicité pour rechercher ensemble les solutions appropriées pour notre établissement»

Cyr Armel
YABBAT-NGO

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A propos de l'auteur

Heure de Brazzaville

29 juillet 2021 19 h 04 min

Editorial

10 ou 40% ?

Avant, cela nous scandalisait. Puis, cela a étonné. Aujourd’hui que nous sommes blasés, on hausse les épaules et on passe à autre chose. La pratique de réclamer 10% d’un marché ou d’un service, du plus important au plus banal, s’est incrustée dans le paysage.

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